Afrique: Naissance d'une dynamique à Accra pour la réalisation du dividende démographique

Mabingué NGOM, Directeur Régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest
12 Février 2016

Les pays africains ont désormais une vision claire sur le chemin à emprunter pour la réalisation du Dividende démographique.

La rencontre d’Accra sur les droits de la santé sexuelle marque le début d’une dynamique continentale axée sur des investissements conséquents en faveur des jeunes et surtout les filles afin de les amener à participer au développement économique de leur pays. Ceci en attendant le 27ème Sommet des Chefs d’Etat de l’Union Africaine qui aura comme thème central le Dividende démographique.

Accra, la capitale ghanéenne ouvre une page nouvelle vers l’opérationnalisation effective des programmes liés à la réalisation du Dividende Démographique (DD). La 7e Conférence africaine sur les droits de la santé sexuelle (ACSHR) qui s’est ouverte le 8 février marque un point de départ dans ce sens. Un état de fait rassurant du moment que beaucoup d’observateurs remarquaient que la plupart de nos gouvernants ne savaient pas comment aller vers l’opérationnalisation du DD comme approche de développement.

De la conférence d’Accra est née une dynamique inédite en Afrique dans la marche pour la réalisation du Dividende Démographique. Ce qui est la résultante d’engagement d’organisations non gouvernementales ayant pris l’initiative de tenir cette grande messe consacrée à la problématique qui, selon elles, ne pourra être réalisée que grâce à un accompagnement sans faille de la jeunesse africaine.

Cette étape cruciale est franchie grâce au leadership de l’UNFPA qui a pris l’option de se focaliser sur ce concept ou approche consistant à aller vers une opportunité pour le développement des pays du continent. La caution de cette organisation non-gouvernementale est désormais renforcée par un leadership politique sans faille dans ce domaine affiché par le président ghanéen, John Dramani Mahama.

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A l’ouverture officielle de cet événement, le mercredi 10 février à Accra, le chef de l’Etat ghanéen, revenant sur les enjeux du développement en Afrique estime qu’il est important pour nos pays de s’occuper davantage de l’éducation des enfants. A ce titre, M. Mahama a cité l’exemple du Ghana qui, actuellement, non seulement met l’accent sur l’éducation au niveau primaire mais également au niveau secondaire pour que les jeunes filles puissent aller le plus loin possible dans leurs études. C’est dans cette foulée qu’il a annoncé la construction de 250 nouveaux collèges à travers le pays afin de répondre aux besoins en matière d’enseignement, surtout au niveau secondaire.

Cette préoccupation du président du Ghana rejoint la position du Dr Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif de l’UNFPA. Ce Sous-Secrétaire général des Nations Unies a prôné la construction de collèges assimilant enseignement général mais également la formation professionnelle. A la cérémonie officielle de la 7ème ACSHR, comme au lancement de la campagne contre le mariage des enfants au Ghana en passant par la table ronde ministérielle, M. Osotimehin défend que cette option va permettre à ces jeunes d’acquérir des capacités et une qualification nécessaire pouvant leur offrir un emploi décent et contribuer pays à la recherche de développement de leur pays.

Une campagne contre le mariage des filles

En marge de la 7ème Conférence africaine sur les droits de la santé sexuelle (ACSHR), la première dame du Ghana, et Présidente de l’Organisation des Premières Dames d'Afrique contre le VIH/Sida (OPDAS), le Dr. Lordina Mahama a procédé au lancement officiel de la campagne contre le mariage des filles au Ghana. Une opération qui rejoint une initiative africaine dans laquelle adhère une douzaine de pays dont le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Malawi, le Tchad, le Kenya, l’Ethiopie, le Sierra Léone, le Soudan, la Gambie, le Rwanda, la Zambie, le Burundi. Cette campagne régionale est fortement appuyée par des organismes onusiens comme l’Unicef, des pays comme le Canada et le Royaume-Uni.

Mme Mahama assimile les mariages précoces à une sérieuse atteinte aux droits humains vue l’hécatombe qu’ils constituent pour les jeunes filles. Dans cette veine, il est souhaité l’établissement d’un cadre juridique et légal fort pour renforcer les moyens de lutte et essayer de fixer à 18 ans l’âge autorisé pour le mariage.

Un plaidoyer fort pour les jeunes filles

La direction est ainsi indiquée pour les pays africains de faire en sorte que les jeunes soient bien éduqués en leur donnant des capacités leur permettant de travailler, se prendre en charge et s’occuper des vieilles personnes qui ne sont plus actives ainsi que les plus jeunes qui sont en dessous de 15 ans. Cette tranche (15 à 35 ans) qui a la force de travailler est appelée à produire pour nourrir le reste. Pour se faire, en plus de l’éducation, il faut qu’ils soient en bonne santé et participer à la production de la richesse et à sa redistribution.

Pour le Directeur exécutif de l’UNFPA « les jeunes ont leur langage, leur propre réalité, et il suffit que les adultes leur fassent confiance, leur donnent la parole et de l’espace pour s’exprimer. Ce qui pourra permettre d’avancer ». Avant d’ajouter que : « A travers de bons investissements, appuis et interventions, les adolescentes, en tant que groupe, peuvent être une force formidable pour créer un monde meilleur; elles ont le pouvoir et le potentiel de transformer les familles, les communautés, les nations et le monde ». C’est dans ce sens que lors de la table ronde ministérielle qu’il a co-animée dans la matinée du jeudi 11 février, le secteur privé a été invité à soutenir ce processus. Il a également prôné un leadership de la société civile dans ce combat.

En dépit de toute action, M. Osotimehin estime qu’il convient de mettre un accent particulier sur les filles qui, souvent, payent le lourd tribut face aux phénomènes liés au mariage et pratiques sexuelles précoces, les fistules obstétricales, avortements provoqués… Une kyrielle de maux dont sont responsables généralement les adultes peuvent conduire à la mort de ces jeunes victimes.

Ainsi Accra marque le départ vers des actions concrètes pour la réalisation du Dividende Démographique. Les recommandations et autres suggestions fortes donnent ainsi de la matière à l’Union Africaine dont le 27ème Sommet des chefs d’Etats aura le Dividende démographique comme thème central.

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