Afrique: Mouvement africain pour la libération de Fred et Yves de LUCHA

Les Ambassadeurs de la conscience d'Amnesty (Angélique Kidjo, Lucha et Balai citoyen)
30 Mai 2016

Les ambassadeurs de la conscience d'Amnesty ont plaidé pour la libération de Fred et Yves, des militants du mouvement social congolais LUCHAemprisonnés en République Démocratique Congo. Gonflés à bloc, la chanteuse béninoise Angélique Kidjo, les Sénégalais « Y'en a marre », les Burkinabé du « Balais Citoyen » et leurs confrères de la RDC appellent à une mobilisation générale pour faire sortir leurs membres de LUCHA arrêtés par le régime de Joseph Kabila.

Ils ont été les absents les plus présents, lors de la conférence de presse des « Ambassadeurs de la conscience » d'Amnesty International, le samedi 28 mai à Dakar. Fred et Yves peuvent continuer à compter sur Angélique Kidjo, les mouvements Y'en a marre du Sénégal, Balai Citoyen du Burkina Faso et LUCHA de la République Démocratique du Congo (RDC) qui ont été récompensés pour leur travail « d'ardents défenseurs des droits humains en mettant leur talent au service de la mobilisation ».

Ils ont, à l'unanimité, décerné leur distinction à Fred et Yves, les militants de LUCHA, incarcérés depuis plus d'un an en RDC suite à des manifestations contre un troisième mandat de Joseph Kabila comme l'interdit la constitution de ce pays.

« Nous devons tous penser à Yves et Fred qui sont toujours détenus en RDC sinon ce serait une trahison », s'exclamait Angélique Kidjo qui s'est félicité de cette distinction d'Amnesty International. Cette lauréate de plusieurs Grammy Awards de faire remarquer : « nous constituons une puissance et nous devons le rappeler chaque jour à nos dirigeants ».

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Micheline Mwendike de la LUCHA signale qu'en RDC, le président veut changer la constitution et l'organisation à laquelle elle appartient veut contribuer à l'en empêcher.

A l'en croire, le combat qui est en cours dans ce pays, est une manière de montrer que « si les institutions ont échoué, pas le peuple ». Avant d'assurer : « nous allons continuer à être unis et mobiliser avec l'appui des mouvements africains ainsi que des célébrités comme Angélique ». Micheline confie que LUCHA veut écrire l'histoire de la RDC autrement. « Nous travaillons pour un rêve consistant à bâtir un pays de paix ».

Fadel Barro du Mouvement Y'en a marre dit avoir remarqué, lors de son séjour en RDC que dans ce pays les autorités veulent faire croire que le combat mené contre le tripatouillage de la constitution est perdu d'avance.

Amnesty International rappelle que Fred Bauma, membre de LUCHA, a été arrêté aux côtés de 26 autres militants en mars 2015 dans le quartier de Masina (Kinshasa), lors d'une conférence de presse où les forces de sécurité congolaises ont fait irruption. Il s'agissait du lancement de l'initiative Filimbi, dont l'objectif est de donner aux jeunes les moyens de participer au processus démocratique en RD Congo.

Fred, comme l'appelle ses proches, est toujours détenu, ainsi qu'Yves Makwambala, créateur du site Internet de Filimbi. Amnesty International considère ces deux hommes comme « des prisonniers d'opinion, détenus uniquement pour avoir exercé de manière pacifique leurs droits aux libertés d'expression et d'association ».

Les manifestations et les autres actions organisées par LUCHA à Goma sont réprimées de façon systématique par les forces de sécurité. Depuis que Fred Bauma et Yves Makwambala sont derrière les barreaux, 32 autres personnes ont été arrêtées pour le simple fait d'avoir demandé leur libération. Actuellement, au moins neuf personnes liées à LUCHA sont incarcérées.

Devant cet état de fait, Fadel Baro de Y'en a marre se réjouit de la force que constitue la connexion qui existe aujourd'hui entre mouvements sociaux africains. « Nous ne sommes que la partie visible de l'iceberg; une partie de la jeunesse africaine consciente ».

Faisant allusion aux pays où règne l'«injustice », le porte-parole du mouvement sénégalais lance avec conviction : « Abdoulaye Wade, Blaise Compaoré... L'histoire a déjà fermé ces pages. Pour ce qui est du Congo, Kabila c'est juste une histoire de temps. Nkurunziza, c'est juste une histoire de temps. C'est déjà fini. Ils ne peuvent pas faire comme Omar Bongo. C'est fini ! On va les accompagner à faire partir l'injustice ».

Abondant dans le même sens, Serge Bambara, alias Smockey, du mouvement Balai Citoyen convoque Norbert Zongo qui disait : « Le pire n'est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens biens ». Cet activiste burkinabé alerte sur les nombreux « monstres » d'ordre économique, politique, capitaliste…auxquels font face les mouvements sociaux en plus des diffamations et incompréhensions.

Smockey fait savoir aux leaders africains : « le respect ça se mérite…Rendez-nous notre dignité et nous vous foutons la paix ».

A son avis, la distinction d'Amnesty International augmente davantage la responsabilité des mouvements sociaux qui sont appelés à maintenir la flamme.

Sous cet angle, le Secrétaire général d'Amnesty Salil Shetty conseille les lauréats de ce prix ambassadeur de conscience à faire partie du mouvement mondial libre qui lutte contre les abus. A son avis, la seule façon d'y parvenir est d'être ensemble. Avant de souligner : « nos dirigeants, dès qu'ils accèdent au pouvoir, oublient qu'ils sont des gens ordinaires ». Ce qui fait dire à Angélique Kidjo : « nous les gens ordinaires, ensemble nous seront capables de faire des choses extraordinaires ».

Fadel Baro voit en cette distinction une plus grande responsabilisation. Il pense que dans les mouvements sociaux le combat qui s'impose est de faire face à la jeunesse qui prend la mer pour rejoindre l'Europe, mais aussi cette jeunesse qui se radicalise en gagnant les rangs de groupes comme Boko Haram.

 

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