Afrique: Le dilemme mariage-étude au cœur du panel « Elles inspirent » de AllAfrica

Membres du Panel ‘‘Elles Inspirent’’, qui s’est tenu ce mardi 7 mars, entre des Femmes Leaders en médecine, en aéronautique, en administration publique et en commerce avec des filles âgées de 16 à 20 ans en vue de les orienter et les inspirer dans leurs projets d’avenir. C’était en marge du panel sur « L’autonomisation économique des femmes et l'accès des filles à l’école : vecteur de l’émergence en Afrique ».
9 Mars 2017

Le mariage est-il un frein pour les études des filles ? Cette question s'est imposée lors du panel intitulé « Elles inspirent » que le Groupe AllAfrica Global Media a organisé dans l'après-midi de ce mardi 7 mars à Bamako, la capitale malienne. Une activité co-organisée avec le Groupe de Travail de Haut Niveau du Secrétaire Général des Nations Unies pour l'Autonomisation Économique des Femmes (Unhlp), dans le cadre de la journée internationale de la femme.

Le dilemme mariage et étude s'est invité au cœur de la séance de discussion intitulée ''Elles Inspirent'', qui s'est tenue ce mardi 7 mars, entre des Femmes Leaders en médecine, en aéronautique, en administration publique et en commerce avec des filles âgées de 16 à 20 ans en vue de les orienter et les inspirer dans leurs projets d'avenir. C'était en marge du panel sur « L'autonomisation économique des femmes  et l'accès des filles à l'école : vecteur de l'émergence en Afrique ».

Devant un panel constitué de lauréates du Prix AllAfrica Leadership Féminin 2017, les filles ont demandé à ces femmes entrepreneurs s'il est vraiment possible d'allier études et mariage ?

Cette interrogation renseigne sur la confusion qui règne dans la tête de jeunes collégiennes aux prises entre une pression sociale et une ambition de continuer ses études.

« Comment continuer à faire ses études si tu sais que tes parents peuvent à tout moment te donner en mariage ? », a lancé Oumou Keita, jeune collégienne, à l'endroit des femmes leaders.

Mlle Oumou Waly, jeune élève dans un centre de formation de Bamako abonde dans le même sens : « Comment faire pour être parmi les premières quand on est exposé au mariage? »

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Contrairement au scepticisme de ses consœurs, Mlle Aïssatou Diakité, malgré sa petite corpulence, pense qu'il suffit de s'armer de courage pour allier étude et mariage.

Une posture qu'adoptent la quasi-totalité des femmes leaders qui ont essayé de convaincre la centaine de jeunes filles qui a pris d'assaut la grande salle de l'hôtel Laico Amitié de Bamako, que le mariage peut ne pas constituer un frein aux études.

Le conseil fondamental délivré à cette jeune génération est d'éviter le mariage précoce afin de pouvoir poursuivre les études et espérer se forger un avenir meilleur.

Mme Zineb El Adaoui, Wali de la Région Sous Massa et Gouverneur de la  Ville d'Agadir (Maroc) n'y va pas par le dos de la cuillère. « On ne pense pas au mariage à un âge précoce », lance-t-elle aux jeunes collégiennes.

Ce récipiendaire du Prix AllAfrica Leadership Féminin 2017, considère que le mariage n'est pas un fin en soi. Il faut savoir dire non. Au Maroc, renseigne-telle, l'âge du mariage est fixé à 18 ans pour permettre à la fille de continuer ses études.

Même son de cloche pour Dr. Awa Mbow Kane, Diabétologue et Endocrinologue, Présidente de l'Association Action Citoyenne pour la Santé (Sénégal).

Cette récipiendaire du Prix AllAfrica Leadership Féminin 2017, appelle à éviter les mariages très précoces qui empêchent aux filles de continuer leurs études. A son avis, nos politiques doivent s'appesantir sur la question du maintien des filles à l'école, en leur permettent d'aller jusqu'au baccalauréat au minimum.

Mme Mariam Diallo Drame, Présidente de l'Association Femmes, Leadership et développement durable, pour sa part, pointe du doigt la pauvreté qui, selon elle, pousse beaucoup de famille à donner en mariage leurs filles.

Galvanisant les filles, Mme Mariam Diallo Drame, Présidente de l'Association Femmes, Leadership et développement durable recommande aux jeunes filles de ne pas accepter la violence sous toutes ses formes. « Nous devons garantir nos valeurs et nos cultures tout en ayant une ouverture dans le monde », dira-t-elle.

D'après elle, il devrait être établi un dialogue intergénérationnel pour relever ensemble les défis. Et d'inviter les filles à militer pour les bonnes causes.

Pour un peu dissiper les nuages assombris par les mariages précoce, Mme Binta Diop, Envoyée Spéciale de la Présidente de la Commission de l'Union Africaine Pour les Femmes, la Paix et la Sécurité, affirme ouvertement aux filles : « On a toutes été confrontées au dilemme mariage – études et travail – mariage ». Avant de leur conseiller : « Il ne faut jamais s'arrêter d'étudier et la femme a besoin de continuer de savoir ».

Mme Diop fait savoir à ces filles que malgré ses 67 ans, elle suit actuellement un doctorat.

Sur cette lancée, Mme Fati Niang, Présidente Black Spoon, 1er Food Truck Africain créé en 2013 en Europe conseille aux filles de réfléchir à ce qu'elles veulent faire et s'engager dans des secteurs qui leur tiennent à cœur.

Dans ce même ordre d'idée, Mme Iréne Koki Mutungi, Pilote de Ligne Kenya Airways (Kenya) encourage les filles à s'intéresser davantage sur les sciences, la technologie afin de s'ouvrir toutes les portes. Mme Mutungi se désole du fait qu' « Aujourd'hui, il n'y a que 3% de pilotes femmes dans le monde alors qu'il y a 50 ans qu'apparaissait la première femme évoluant dans ce secteur ».

Mme Maiga Bineta Yatassaye, Economiste, Présidente du Conseil d'Administration AGEROUTE au Mali, pense que « la réussite c'est d'abord la formulation d'un objectif ». Décoré du prix AllAfrica Leadership Féminin 2017, Mme Maiga fait savoir aux jeunes collégiennes  que la réussite c'est un état d'esprit en premier et qu'il est important d'être ouvert à son environnement.

Sur cette lancée,Mme Zineb El Adaoui, Wali de la Région Sous Massa et Gouverneur de la  Ville d'Agadir recommande aux filles de travailler par réflexe et par réflexion mais aussi d'avoir un mentorat, s'entourer de personnes charismatiques, utiliser le numérique pour s'informer et s'ouvrir au reste du monde.

Se projetant dans le monde des jeunes, le Dr. Maxime Houinato, Représentant Résident d'ONU Femmes au Mali, attire l'attention des moins âgés sur ce qu'ils mettent comme données personnelles dans les réseaux sociaux. En plus des jeunes, souligne-t-il, il faut s'adresser aux parents qui pensent que l'école va faire ce qu'ils n'ont pas pu faire.

Sans être trop alarmiste, M. Houinato soutient que les jeunes filles doivent profiter de l'évolution subie par l'environnement législatif qui leur accorde beaucoup plus de liberté.

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