Ces derniers jours, s'est instauré, en Tunisie, un débat qui promet d'être long et de nous tenir en haleine tout au long de la chaude saison estivale : un ministre sur qui pèsent des «accusations médiatiques et facebookiennes» de corruption, qui attend qu'il soit convoqué d'un moment à l'autre par le juge d'instruction en charge de l'affaire pour l'interroger, qui voit la personnalité n°2 du parti qu'il représente au sein du gouvernement lui demander de se mettre à la disposition de la justice afin de lui faciliter son action, a-t-il le droit de se cramponner à son poste jusqu'à ce qu'il soit mis en examen en attendant de comparaître devant la justice peut-être dans deux ou trois ans ou doit-il avoir le courage, l'audace et l'honnêteté morale de quitter le gouvernement et aussi son propre parti en attendant que son cas soit réglé ?
Le même débat suppose aussi la question suivante : un ministre qui se proclame champion de droits de l'Homme, des libertés publiques et individuelles et qui accuse les autres de corruption et de malversation a-t-il le droit de faire fi de tout l'environnement qui accompagne son rendement à la tête du ministère qu'il dirige et de se contenter de réfuter via quelques phrases creuses ce qu'on lui reproche justement ou injustement et de continuer à nous «agresser» quotidiennement par ses leçons de patriotisme et de citoyenneté ou doit-il se rappeler ses hauts faits «d'ancien opposant irréductible, comme il se qualifie lui-même, à la dictature de Ban Ali», et décide de se mettre à la disposition de la justice et d'attendre qu'elle lui lave définitivement «son honneur révolutionnaire avéré que certaines gens, y compris parmi ses anciens compagnons, essayent «vainement de ternir parce qu'ils ont peur que je dévoile les vérités douloureuses» ?
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