Afrique: Covid-19 - Des Échos Favorables à la Demande d'Allégement de la Dette des Pays Africains

6 Avril 2020

L'appel lancé par les ministres africains des finances lors de leurs réunions par visioconférence des 19 et 31 mars 2020, organisées par la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), pour l'allègement de leur dette auprès des partenaires bilatéraux, multilatéraux et commerciaux commence à enregistrer des échos positifs.

Répondant favorablement à cette requête, le ministre français de l'Economie et des Finances a proposé un moratoire de la dette pour les pays en développement, particulièrement ceux d'Afrique.

Cette proposition de M. Bruno Le Maire fait partir d'une série de mesures annoncées le 2 avril 2020 lors de son face à face avec la presse et relayé par le site du Trésor de l'Hexagone.

Dans son offre concernant un moratoire de la dette des pays les plus pauvres dans les mois à venir, l'argentier de Paris a précisé que « le Club de Paris, qui a l'expérience de ces situations, devrait être à l'avant-garde de cette initiative ».

Entre autres propositions de soutien financier au bénéficie des pays en développement, en particulier du continent africain, M. Le Maire propose l'ouverture de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI à hauteur de 500 Mds USD (460 Mds EUR).

A cela, il ajoute la mise en œuvre d'une nouvelle ligne de crédit rapide pour compléter la ligne de swap des banques centrales(outils de protection contre un risque de liquidités en devises).

Cette proposition d'allègement de la dette émise lors des rencontres en ligne organisés parbla CEA vise à garantir que les pays africains disposent de l'espace budgétaire nécessaire pour faire face à la crise du COVID-19.

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Cette demande des ministres africaines est d'ailleurs reprise par la Banque mondiale et le FMI qui ont appelé tous les créanciers bilatéraux publics à suspendre, avec effet immédiat, les paiements au titre du remboursement de la dette des pays en développement qui en demandent une dispense.

Il faut noter que l'appel à l'allégement de la dette, soulignent-les ministres africains, s'adressent à toute l'Afrique et doit être entrepris de manière coordonnée et collaborative.

Madame Véra Songwe, Sous Secrétaire générale des Nations Unies, Secrétaire Exécutif de la CEA et cheville ouvrière de cette initiative avait déjà  martelé la nécessité urgente d'une réponse favorable à l'appel des Africains lors de son échange avec un groupe de leaders de médias du continent organisé le 2 avril.

Dans le même ordre d'idées, les ministres en charge de l'Economie et des Finances du continent appellent à la création d'un moyen à vocation spéciale pour faire face à toutes les obligations de dette souveraine.

Des baisses substantielles des recettes provenant de la baisse des prix des produits de base, associées à une augmentation des coûts des importations, exercent des pressions sur l'inflation et le taux de change.

Dans la même lancée, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a demandé, le 30 mars, que les pays en développement reçoivent une aide de 2 500 milliards de dollars pour surmonter le choc sanitaire et économique du Covid-19 et notamment que 236 milliards de dollars de la dette africaine soient reportés ou annulés.

A noter également que Akinwumi A. Adesina, Président de la Banque Africaine de Développement (Bad), dans une Tribune datée de ce 6 avril, fait part de son soutien à l'appel lancé par le Secrétaire général des Nations unies en faveur de la suspension de la dette des pays à faible revenu en ces temps d'incertitude et de mutation rapide. 

Plaidoyer pour un front commun de l'Afrique dans la gouvernance mondiale

Le Ministre sénégalais de l'Economie, du Plan et de la Coopération, M. Amadou Hott, lors d'un débat télévisé diffusé sur la TFM (une télévision privée locale), dans la soirée du 3 avril, a annoncé plusieurs intentions de dons exprimées par des pays développés en faveur du Sénégal et de l'Afrique, en général.

Une bouffé d'oxygène qui, selon lui, va éviter de creuser le déficit budgétaire dont souffre la plupart des pays du continent.

Dans son discours à la Nation prononcée le même jour, le président de la République du Sénégal, Macky Sall a renouvelé son appel aux partenaires bilatéraux et multilatéraux à appuyer les efforts des pays africains en annulant la dette publique et en réaménageant la dette privée selon des mécanismes à convenir.

Au début de la crise, il avait déjà fait cette invite à l'endroit des États du G20.

Le président Sall promet de poursuivre sans relâche ses efforts à l'échelle sous régionale et continentale pour un front commun de l'Afrique dans la gouvernance mondiale et la prise en charge de l'impact du COVID-19.

Pour lui, « quand une crise frappe toutes les économies, les plus faibles sont évidemment les plus affectées ».

Le Chef de l'État sénégalais estime que « la tourmente qui secoue le monde a fini de révéler au grand jour la fragilité de tous les pays et leurs vulnérabilités communes. Alors, il est temps de repenser l'ordre des priorités ».

Avant de proposer : « Il est temps de travailler ensemble à l'avènement d'un nouvel ordre mondial qui met l'humain et l'humanité au cœur des relations internationales ».

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