Au Soudan, le coup d'État de l'armée contre les civils, avec qui elle partageait le pouvoir depuis la révolution de 2019, est survenu dans un climat politique de plus en plus tendu. Depuis des semaines, les militaires exigeaient une dissolution du gouvernement, quand la composante civile du pouvoir la refusait totalement, mettant un terme à plus de deux ans de manœuvres et de compromis.
En avril 2019, les révolutionnaires soudanais avaient dû, à contrecœur, s'associer aux généraux de leur ennemi principal, Omar el-Béchir. Car si c'était des civils qui avaient rendu la chute de ce dernier inéluctable, grâce à la rue, c'était les militaires qui avaient arrêté celui qui était alors chef de l'État et obtenu sa démission. Ce compromis était à la fois le point d'équilibre et le point faible de leur accord de partage temporaire du pouvoir, obtenu de haute lutte par une médiation de l'Union africaine, soutenue par la communauté internationale.
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