Afrique: Les écueils à lever pour l'intégration des Congolais dans la chaine de valeur de l'industrie des batteries électriques

Table Ronde sur l'Intégration économique des Congolais dans la chaîne de valeur de l'industrie des batteries électriques par des solutions financières innovantes
23 Novembre 2021

La République démocratique du Congo (Rdc) a toute les potentialités pour devenir un hub industriel des batteries et véhicules électriques. Pour y parvenir, le pays de Félix Antoine Tshisekedi devra impérativement relever le défi énergétique et un environnement des affaires attractif pouvant faciliter aux Congolais l'intégration de la chaine de cette valeur à fort potentiel économique.

(Envoyé spécial à Kinshasa) - « Intégration économique des Congolais dans la chaine de valeur de l'industrie des batteries électriques par des solutions financières innovantes ». C'est le thème de la table-ronde parallèle que le think-tank Makutano a organisé ce mardi 23 novembre 2021 avec le soutien de la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique (Uneca).

Après plus de deux tours d'horloge experts du secteur minier et en énergie électrique, entreprises minières, acteurs financiers, gouvernement, Gécamines, entre autres, ont dessiné les contours d'un challenge réalisable mais avec des enjeux énormes.

Pour M. Vincent-Noël Vika Raissa Kikunda, secrétaire général de EGC (Entreprise générale de cobalt) et expert en énergie, la RDC ne pourra y arriver que lorsqu'elle parvient à régler son énorme déficit en électricité. D'après lui, le pays devra investir un milliard de dollars chaque année pour espérer régler son problème d'électricité.

Actuellement, le pays qui, dans le passé alimentait ses voisins immédiats en électricité, achète le surplus de production du Rwanda ou du Congo Brazzaville. Une situation que les acteurs jugent inconcevable compte-tenu des ressources inestimables dont dispose le pays.

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A cela, M. Vika y ajoute l'absence de l'accès aux financements et de garantie souveraine. Devant cet état de fait, il pense que les contrats d'achat d'énergie à long terme peuvent constituer des garanties.

Entre autres maux, figure en bonne place le problème de la gouvernance du secteur minier dont les retombés tardent à se faire ressentir ainsi qu'un problème de structuration du secteur qui vacille entre l'exploitation artisanale et la mainmise des industriels et multinationales.

D'où l'urgence de changer de paradigme pour tirer profit d'un marché de l'industrie de batteries électriques estimé à neuf mille milliards de dollars. Les équipes de Vera Songwé, secrétaire exécutive de la CEA pensent que le temps de sonner une révolution est arrivée.

Pour Antonio Pedro de la CEA, il s'agit de voir comment traduire les opportunités que présente la RDC en richesses partagées et de valeur ajoutée pour le pays et sa population.

A son avis, il revient de voir comment changer de paradigme pour attirer plus d'investissements mais surtout traduire le contenu local en un certain nombre de choses pour permettre au pays de bénéficier de ses ressources naturelles.

Brandissant une étude réalisée par Bloomberg, M. Pedro estime qu'un million de Congolais peuvent intégrer la chaine de valeur de l'industrie des batteries électriques. Il estime que les autorités doivent travailler pour que cela puisse se réaliser et avoir un impact social durable.

M. Pedro estime que la RDC peut copier sur l'Éthiopie qui la réussi en mobiliser les ressources domestiques de son pays.

L'espoir est permis si…

Malgré les défis titanesques que la RDC doit relever pour espérer intégrer ses populations dans la chaine de valeur de l'industrie des batteries électriques l'espoir est permis, aux yeux des acteurs.

Dans un élan optimiste,  M. Louis Watum, président de la chambre des mines de la RDC pense que le pays doit travailler à attirer plus d'investissements et le secteur privé dans le secteur.

A son avis, la RDC doit apprendre de l'expérience de pays comme le Japon et la Corée du Sud qui ont fortement financé la recherche développement, encouragé des partenariats publics privés stratégiques et l'innovation.

Pour M. Watum, il faut développer une diplomatie minérale qui va chercher des partenariats stratégiques au niveau international.

Sur la même lancée, l'un des panélistes considère qu'il faut une réglementation particulière pour les ressources stratégiques comme le cobalt afin d'encadrer leur exploitation.

M. Mabolia, coordonnateur CTCPM, pour sa part, appelle les compagnies minières à s'acquitter normalement du paiement de leur redevance pour aider au financement de la recherche développement.

Jean-Luc Mastaki, économiste à la CEA considère qu'il faut développer le concept de cluster et de zone économique où les investisseurs joueront un rôle dans la transformation.

Dans cette même veine, il invite les entreprises à adopter une démarche responsable en faisant de sorte que leurs activités impactent positivement le tissu social des populations environnantes.

Face à la lourdeur des investissements nécessaires, M. Celestin Mukéba, Directeur général de Equity Bank invite les entreprises de la RD Congo à se regrouper en consortium pour convaincre le secteur bancaire.

Pour lui, les entreprises locales doivent présenter des projets modulaires que les structures financières seront en mesure de soutenir.

Alain Kilinda, Directeur général de l'autorité de régulation et de contrôle des assurances de la RDC invite les compagnies minières qui exercent localement à se faire assurer dans le pays afin que les capitaux que cela génèrent puissent être réinvestis dans le secteur.

Jean-Luc Mastaki de la CEA, quant à lui, plaide pour une amélioration du leadership du secteur privé local pour qu'il soit en mesure de porter l'industrialisation des batteries électriques.

Pour rappel, cette table ronde soutenu par la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) est tenue en prélude de RDC-Afrique Business Forum 2021 qui se tient les 24 et 25 novembre 2021.

Cette rencontre qui attend la participation de chefs d'Etats africains ainsi que la secrétaire exécutive de la CEA, Mme Vera Songwé, convoque la réflexion autour du thème « Développer une chaine de valeur régionale autour de l'industrie des batteries électriques et un marché des véhicules électriques et des énergies propres ».

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