Centrafrique: Des faits accablants reprochés aux trois prévenus devant la CPS

Le magistrat de la Cour pénale spéciale (CPS) Michel Landry Louanga, lors de la session inaugurale, le 22 octobre 2018.

Le premier procès de devant la Cour pénale spéciale (CPS), une juridiction mixte composée de magistrats nationaux et internationaux et chargée de juger les crimes les plus graves commis en Centrafrique depuis 2003, entre enfin dans le vif du sujet, après le faux départ du mois avril dernier. Une séance boycottée par la défense.

Après une deuxième audience publique, le 29 avril, au cours de laquelle la Cour avait lu l'acte d'accusation pour les trois prévenus qui sont poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, cette fois la Cour a décidé d'aller au fond de l'affaire, après avoir rejeté une nouvelle demande de renvoi de la part des avocats de la défense.

Le président de la Cour, Pascal Delimo, a d'abord rembobiné la machine à remonter le temps en faisant un bref résumé des faits qui sont reprochés aux trois accusés. Un jour de mai 2019, a-t-il dit, un commando de 21 rebelles des 3R est envoyé dans les villages de Lemouna et Koundjili, à quelque 400 km au nord-ouest de Bangui, officiellement pour aller récupérer des bœufs volés à des bergers Peuls.

La troupe va se scinder en deux avant de se diriger vers les deux villages où tous les hommes, présents sur place, sont arrêtés et ligotés, avant d'être exécutés froidement d'une balle dans la tête. Seize hommes sont tués et trois autres blessés à Lemouna, alors qu'à Koundjili, onze autres perdent la vie et sept femmes sont violées.

C'est le choc en Centrafrique. Le gouvernement et la Minusca lancent un ultimatum de trois jours au chef du groupe des 3R, Siddick Abbas, qui est obligé de leur livrer les trois hommes qui dirigeaient le commando, aujourd'hui dans le box des accusés.

%

Les accusés tentent de minimiser leur rôle

Les trois prévenus se sont succédé à la barre pendant près de 3 heures. Pour la première fois, ce lundi matin, ils ont donné, tout à tour, leur version des faits. Issa Sallet Adoum, Ousman Yaouba et Mahamat Tahir ont minimisé ou tenté de nier leur rôle dans ces tueries, tout en pointant la responsabilité première du chef des 3R, Sidiki Abass, dans ces crimes.

L'avocat Issa Sallet Adoum, Me Donatien Koy, assure qu'il n'a fait qu'obéir aux ordres. " Depuis l'enquête préliminaire, mon client a reconnu les faits, en expliquant qu'il a agi sur instruction de son chef de la sécurité à l'époque, le général Sidiki Abass. Il ne pouvait pas désobéir étant donné que la désobéissance, chez Sidiki, n'est pas toléré ".

Les trois rebelles des 3R, qui sont poursuivis pour crime de guerre et crimes contre l'humanité pour ce massacre, ont demandé pardon au peuple centrafricain, pour ce qu'ils avaient faits, sans trop émouvoir la défense, apparemment. " Ce pardon, c'est un repentir tardif qui ne va pas jouer sur leur condamnation ", déclare Me Olivier Manguereka, un des avocats de la défense.

Le président de la Cour, Pascal Delimo, a levé la séance à 15h, heure locale. Retour demain, mardi 17 mai dans la salle d'audience pour les débats contradictoires.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.