Gabon: Avoir le courage de supprimer la bourse et remettre l'accent sur la prise en charge de l'étudiant

Bourse d'études accordée, mais budget insuffisant. Gouvernement de poltrons, car incapables d'assumer la réalité d'une situation budgétaire ne permettant plus depuis des années de supporter autant d'étudiants boursiers, notamment depuis la réforme du décret 404 de monsieur Ali Bongo Ondimba en 2011-2012...

Décret qui, sous une démagogie honteuse, laissait entendre que l'obtention seule du baccalauréat suffit à ouvrir les portes de la bourse.

Pourtant, l'ANBG, depuis 2018, a produit un rapport qui dit clairement que cette réforme n'est plus soutenable. Qu'elle serait même une absurdité. Ce rapport est connu à la présidence de la République.

Ma petite expérience au cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur m'a donné accès à ce dossier. Je le connais modestement.

Dès 2018-2019, il fallait mobiliser près de 60 milliards de FCFA par an pour l'ensemble des étudiants boursiers (inscrits au Gabon et à l'étranger), mais l'Etat n'arrive pas à tenir cet engagement. Il n'en mobilise qu'un peu plus de 40 milliards.

Ce qui est déjà énorme alors même que les étudiants sont formés dans des filières qui les préparent à subir 6 ans de chômage en moyenne avant de trouver un premier emploi stable et digne de leur parcours académique.

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Mais le gouvernement laisse faire. On reproduit et reconduit la même politique chaque année alors que la population estudiantine, elle, ne cesse de croître.

Nous n'arrivions pas à contenir un peu plus de 20 000 étudiants boursiers avec 40 milliards de FCFA en 2019. Comment pourrait-on y arriver avec près de 40 000 étudiants aujourd'hui ? Comment gérer 50 000 étudiants dans une Université Omar Bongo qui ne dispose que de 9000 places assises ? D'autant que les budgets n'augmentent pas. Pis, ils sont revus à la baisse.

On peut donc jeter autant que l'on veut l'anathème, tantôt sur le gouvernement, tantôt sur les étudiants... Cela ne va résoudre aucun problème. Pas plus que les bombes lacrymogènes sur les étudiants seront toujours une réponse démesurée et inopprtune.

Que faire ?

Que le gouvernement tienne d'abord ce discours de vérité. Qu'il assume ses errements initiés avec la réforme de l'ANBG.

Dans la loi d'orientation relative à l'Education, il est d'abord question de "prise en charge de l'étudiant". La bourse n'en est qu'un élément.

La prise en charge s'initie par les plateaux techniques, les amphithéâtres, les campus, les restaurants, les bibliothèques, le transport et, ENFIN, UNE AIDE FINANCIÈRE BANALEMENT APPELÉE "BOURSE". Elle s'entend alors comme l'accessoire lorsque les premiers éléments de la prise en charge sont satisfaits.

D'ailleurs, tous les étudiants ne peuvent pas être boursiers. Mais tous les étudiants régulièrement inscrits doivent pouvoir fréquenter une université répondant aux normes internationales et offrant les meilleurs conditions de réussite. C'est cela le sens à donner à "la prise en charge de l'étudiant".

Voyez-vous, nous appliquons actuellement la loi à l'envers... en ne mettant l'accent que sur "la bourse".

Si je peux comprendre les étudiants qui sont en actuellement en détresse, je dois à le vérité leur dire que cette solution n'est pas la meilleure pour eux et pour le pays qui a besoin de bien les former.

Là aussi, si nous voulons être rigoureux, nous dirons que la "bourse" ne devrait pas être de l'argent à retirer au guichet de banque comme c'est présentement le cas. Encore moins de l'argent destiné à se soûler dans les bars, à s'acheter le trousseau de son nouveau-né, ou à louer une chambre au quartier.

La bourse devrait être un ensemble de services et de produits offerts au sein même de l'université, dont les bénéfices propres permettent de s'autofinancer en sus des frais d'inscription.

Dommage que dans notre pays, le débat noble n'existe plus. L'indignation systématique prend le dessus. A la vue des bombes lacrymogènes, il suffit d'insulter Ali Bongo et cie. Mais c'est insuffisant comme réaction.

Un jour, quand nous dirigerons ce pays, tous enfants des élus (Président de la République, députés, sénateurs, maires et élus locaux) auront l'obligation de faire inscrire leurs enfants dans ces établissements publics, notamment à l'UOB et dans les nouvelles universités publiques.

Ainsi, loin du m'en-foutisme actuel de ces dirigeants, ils seront plus contraints et enclins à trouver des solutions pérennes lorsque leurs enfants aujourd'hui envoyés en France, aux USA et ailleurs, subiront ce que nous avons subi dans cet univers, que dis-je, dans ce pandémonium appelé Université Omar Bongo.

Étienne Francky MEBA ONDO

Dit Meboon Môôn Meba Ondo - Officiel

Vice-président de Réagir GABON

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