Réunis à Durban en Afrique du Sud depuis une semaine, les délégués à la 5e conférence mondiale sur le travail des enfants sont arrivés à un accord ce vendredi 20 mai, pour éliminer cette pratique d'ici 2025, alors que la pandémie de Covid-19 a mis à mal les progrès enregistrés jusqu'ici.
Les chiffres sont en constante progression : 160 millions d'enfants dans le monde sont obligés de travailler. Et 60% d'entre eux se trouvent en Afrique. À l'ouverture du sommet, dimanche 15 mai, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait appelé les délégués à prendre des actions de " grande envergure " pour répondre à l'urgence. La date limite de 2025 des Objectifs de développement durable de l'ONU, pour l'élimination du travail des enfants, approche.
Après plusieurs jours de débats et de constats sur les dérives liées au travail des enfants, la déclaration de Durban liste un chapelet d'actions à appliquer, avec notamment 49 mesures " immédiates ", selon les termes de cette déclaration.
Parmi ces mesures, il est question de faire un effort pour éliminer les " pires formes de travail des enfants ", de " mettre en place un salaire minimum ", de " redoubler d'efforts pour formaliser l'économie informelle ", d'" intensifier les efforts de prévention et de lutte contre le travail forcé ", de " mettre fin au travail des enfants dans l'agriculture ", et surtout de faire en sorte de " maintenir les enfants à l'école ".
" On doit réformer le système économique en profondeur. Il ne doit pas s'intéresser qu'aux profits, mais aussi prendre en compte les populations ", a déclaré Thulas Nxesi, le ministre sud-africain du Travail.
It's a wrap!
Children had their say, their voices amplified throughout the week at the 5th Global Conference on the Elimination of Child Labour.
Also, the Durban Call to Action on the Elimination of Child Labour has been adopted! #EndChildLabour #CallToAction pic.twitter.com/usrZdS1gac
-- Save the Children SA (@SaveChildrenSA) May 20, 2022
Pour cela, cette déclaration recommande de " développer les infrastructures scolaires et la sécurité " en zone rurale, ou encore de recruter des enseignants qualifiés. Passé les déclarations de principes, reste à voir si ces recommandations sont réalisables en si peu de temps. Pas évident d'atteindre ces objectifs dans un contexte où le secteur informel reste encore prédominent.
" On doit s'assurer que les enfants qui travaillent dans les fermes sont déclarés, pour connaître l'ampleur du problème. À partir de là, il faut rappeler ce que dit la loi et retirer les enfants de ce secteur. Ensuite, il faut faire en sorte que le nombre d'enfants scolarisés augmente. S'ils sont en décrochage, il faut les soutenir pour ne pas qu'ils rejoignent le monde du travail. Toutes ces mesures sont applicables. Les ministères concernés peuvent s'y atteler dès la semaine prochaine ", a expliqué Gugu Shongwe-Xaba, directrice de programmes pour l'ONG Save The Children en Afrique du Sud.
" La situation est aggravée par les crises, celles créés par les humains et par la nature. Il y a un rapport de causalité entre le travail des enfants et le changement climatique. "
Conférence mondiale sur le travail des enfants à Durban: l'analyse de Joni Toko Musabayana