Madagascar: Procès Mbola Rajaonah - Une audience fleuve au PAC

Un peu plus de trois ans après son arrestation à Antsahabe, Mbola Rajaonah comparait devant la Cour criminelle du PAC. Dix-huit co-accusés et plus de trente témoins sont appelés à la barre.

Infractiondouanière et détournement de deniers publics. Importation sans déclaration des marchandises prohibées, blanchiment de capitaux. Ce sont les chefs d'inculpation retenus contre les accusés dans deux affaires jugées simultanément par la Cour criminelle ordinaire (CCO), du Pôle anti-corruption (PAC), d'Antananarivo, hier.

Le principal accusé dans ces deux affaires est Mbola Rajaonah, opérateur économique, transitaire et réputé comme étant un ancien proche collaborateur de Hery Rajaonarimampianina, ancien président de la République. En tout, dix-huit personnes sont sur le banc des accusés. Une liste qui compte des inspecteurs de douane, ou encore, des individus présumés être des prête-noms pour des sociétés écrans. Quatre d'entre eux ont, toutefois, été absents à l'audience d'hier. Outre ces accusés, plus de trente personnes sont, également, citées à comparaître en tant que témoins.

En détention préventive à la nouvelle prison d'Imerin-tsiatosika, depuis le mois d'avril, Mbola Rajaonah est arrivé au PAC, sis aux 67ha aux premières heures, hier. L'audience n'a toutefois démarré qu'aux environs de 13 heures 30. La lecture du dossier annonçait un procès fleuve. Selon les mots dits, hier, les préjudices causés à l'État par les deux délits imputés aux accusés s'élèvent respectivement à près de 127 milliards d'ariary et de 6 milliards huit cent millions d'ariary. Les faits mis en cause courent de 2014 à 2018.

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Une fois le fond du dossier lu, c'est Mbola Rajaonah, de prime abord le principal accusé, qui a été le premier à être appelé à la barre. Celui que son avocat avait affirmé être malade était plutôt fringant et dynamique. Dans son costard marron, égaillé d'un cache-nez noir, il a répliqué à une batterie de questions de la présidente de la Cour, le ministère public, l'avocat de la défense et les représentants de la partie civile. Dans le camp de la partie civile il y a, la Direction de la législation et du contentieux (DLC), rattachée à la primature et l'administration des Douanes.

Des prête-noms?

En somme, la défense de Mbola Rajaonah s'est employée à démontrer qu'il n'y a pas de preuve permettant de lui imputer les chefs d'inculpation cités en attaque. Un des points qu'il a souligné est, notamment, "de 2014 à 2018 j'ai toujours respecté la loi, alors pourquoi en 2019 on dit qu'il y a eu des illégalités". Une tentative de mener les débats sur le terrain de la politique étant donné son passé dans ce domaine. Seulement durant l'audience, l'importation d'huiles, présentées comme du papier dans les documents de déclaration douanière a été soulignée.

En réponse à une question de la partie civile, Mbola Rajaonah concède connaître ses co-accusés assis au premier rang de la salle d'audience. Quatre d'entre eux ont ensuite été successivement appelés à la barre. Tous étaient dépositaires ou associés dans une des sociétés de transit mises en cause dans les deux affaires jugées. L'un a prêté "à de multiples reprises", ses codes "individuels", permettant l'accès au système douanier à l'entreprise de Mbola Tafaray. Deux se disent, au départ, "propriétaires", des entreprises dont-ils sont les dépositaires.

Soumis aux batteries de questions de la présidente de la Cour, il s'est avéré qu'aucun de ceux qui se disent "propriétaires", ne savaient rien des activités et des comptes de leur entreprise. À la question, "êtes-vous le propriétaire de cette société ou un prête-nom", un des deux larrons qui a indiqué que son travail, à la base, d'effectuer les débarquements de marchandise, a reconnu que l'une des sociétés mises en cause était inscrite en son nom dans les registres publics, mais qu'il n'y connaît rien et n'y a investi aucune somme d'argent.

L'autre accusé concède que Mbola Rajaonah est "son associé". Seulement, peu après, il a reconnu être employé d'une des entreprises "appartenant", à l'opérateur économique. Dans sa défense, Mbola Rajaonah a affirmé n'être "qu'un associé", dans toutes les entreprises mises en cause, y compris la fameuse société Tafaray. Après près de cinq heures d'audience, la Cour s'est retirée pour une pause de dix minutes peu avant 18 heures, avant d'être suspendue aux alentours de 23 heures.

Les tourmentes judiciaires de Mbola Rajaonah ont démarré après une arrestation musclée, à Antsahabe, le 13 février 2019. Après avoir comparu devant le parquet du PAC d'Antananarivo, le lendemain, il a été placé en détention préventive à la maison de force de Tsiafahy, avant son transfert à Imerintsiatosika, en avril dernier. Le PAC l'a déjà relaxé pour une affaire d'émission de chèques sans provision, en juillet 2019. Seulement les autres affaires qui le happent ont fait qu'il ait été maintenu en détention. Le procès fleuve qui a démarré, hier, en début d'après-midi reprend ce matin.

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