Libye: Difficile réconciliation

Drapeau de la Libye
analyse

Plongée dans une crise sans précédent, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, avec à sa tête ses acteurs politiques, peine toujours à tenir des élections libres et transparentes susceptibles de la sortir de l'ornière. Lesquelles consultations électorales sont d'ailleurs attendues par plus d'un dans la mesure où elles permettront au pays de renouer avec un ordre constitutionnel normal et se relancer dans ses sentiers de développement. En effet, malgré les multiples initiatives menées, sous l'égide de l'ONU et récemment de l'Union africaine, dans l'optique de concilier les parties belligérantes au conflit, la situation demeure dans l'impasse, tant il est laborieux de trouver un compromis.

L'on se rappelle que des pourparlers avaient débuté le 14 juin 2022 au Caire, en Egypte, avec l'espoir certain de trouver un consensus entre les acteurs de la crise et de déterminer un cadre constitutionnel permettant la tenue des élections. Mais, au grand dam de tous, ce conclave s'est encore soldé, le lundi 20 juin dernier, par un nouvel échec cuisant, laissant nombre de Libyens dans l'expectative. Les deux principaux protagonistes, respectivement les présidents du parlement, Aguila Saleh et du Haut Conseil d'Etat, Khaled al-Michri n'ayant pas pu s'entendre sur certains points jugés sensibles. C'est dire à quel point, nonobstant les multiples tentatives de médiation, le chemin vers une véritable réconciliation en Libye demeure difficile et commande, ipso facto, à être reconsidéré dans toutes ses dimensions.

Le président, s'il est militaire, doit-il quitter l'armée, 5 ans avant les élections ou non ? Doit-il ou pas avoir un diplôme important ? Pourrait-il ou pas être marié à une étrangère ? Tels sont, selon toute vraisemblance, les points divergents dans ces discussions sur le cadre constitutionnel devant régir les prochaines élections. Face à ces sérieuses dissensions, il est donc loisible que de nombreux observateurs, non des moindres, s'interrogent sur une éventuelle possibilité de tenir, un jour, une élection paisible dans cet Etat d'Afrique du Nord sans inciter le retour des vieux démons dont le peuple libyen garde encore de douloureux souvenirs.

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Les problèmes restés en suspens pourront-ils être réglés au plus vite ? Des interrogations qui, sommes-nous tentés de dire, valent leur pesant d'or. Ce d'autant plus qu'il serait, dans un tel contexte, difficile voire utopique de trouver un modus vivendi. Les positions étant toujours tranchées, les velléités revanchardes et sécessionnistes encore tangibles. De ce qui précède, la tenue à une date prévisible d'élections présidentielle et législatives, reportées sine die en décembre 2021, semble hautement improbable. Mais, loin de ces spéculations intellectuelles, la situation actuelle du pays de Mouammar Kadhafi impose, il faut le dire, une réflexion profonde sur son avenir, sa stabilité et la place qui lui revient dans le concert des nations.

Malheureusement, aucune stratégie visible ni lisible de retournement de la situation ne se dégage clairement allant dans le sens d'une possible conciliation des parties prenantes toujours inflexibles sur leurs positions respectives. Pourtant, il serait illusoire d'aller à des élections en occultant l'aspect réconciliation des acteurs politiques, aussi sensible soit-elle. Car, organiser des élections sans faire la réconciliation pourrait être source de violences et replonger le pays dans l'incertitude.

Les Libyens et l'ensemble de la communauté internationale le savent très bien. Par voie de conséquence, pour l'intérêt général de la Libye, c'est à l'ensemble de la classe politique de faire profil bas, opérer des concessions afin de permettre aux Libyens, qui n'attendent que cela, d'aller aux élections et de choisir leur président en toute quiétude. Cela, si tant est que tous souhaitent qu'un souffle nouveau irradie le pays, longtemps martyrisé par cette guerre fratricide aux conséquences toujours observables même au-delà de ses frontières.

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