Mali: La CEDEAO va-t - elle desserrer l'étau ?

Le colonel Assimi Goïta, président de la transition

Les décisions s'enchainent ces derniers temps au Mali en faveur d'un retour à l'ordre constitutionnel. A la suite de la nouvelle loi électorale adoptée par le Conseil national de la Transition (CNT) et sa promulgation par le chef de l'Etat, le colonel Assimi Goïta, le gouvernement malien vient de dérouler le calendrier électoral. De ce qui a été annoncé par le ministre de l'Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, il ressort que l'élection présidentielle se tiendra en février 2024, le référendum sur la Constitution en mars 2023, le vote des conseillers territoriaux, communes et régions en juin 2023 et les législatives en octobre 2023.

La publication du chronogramme de la Transition a-t-elle fait l'objet d'échanges préalables avec le médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, qui séjournait récemment à Bamako ? La succession des décisions est-elle inhérente au prochain sommet de l'instance régionale le 3 juillet prochain ? Les réponses à ces questions seront connues en fin de ce week-end. Une chose est sûre. Les sanctions infligées au Mali depuis janvier 2022 se ressentent difficilement dans le quotidien des populations. Leur maintien risque fort de dégrader davantage le climat social déjà moribond à cause du péril sécuritaire.

Il était de bon ton que les autorités de la Transition déroulent le calendrier électoral, ne serait-ce que pour décrisper l'atmosphère dans le landerneau sociopolitique. La classe politique, même si elle appréhende avec circonspection l'évolution des choses, reconnait tout de même que les zones d'ombres s'éclaircissent. Sur le plan national, l'officialisation du calendrier électoral est salutaire et il appartient maintenant aux Maliens de tous les bords de tendre vers une volonté commune pour sortir leur patrie de cette parenthèse incertaine. Toutefois, la grande attente viendra des décisions qui seront prises lors du prochain sommet de la CEDEAO.

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Les autorités maliennes souhaitent ardemment que l'institution régionale desserre l'étau des sanctions au regard des efforts consentis ces derniers temps. Les chefs d'Etat et de gouvernements de la CEDEAO devront se pencher sérieusement sur le cas malien afin de soulager un tant soit peu le petit peuple dont les souffrances se sont accrues depuis des mois du fait des sanctions. C'est une question de survie pour le pays de Modibo Keita que de lever ces entraves. Il ne sert à rien de vouloir tirer indéfiniment sur la corde au risque de surcharger le pays avec d'autres préoccupations.

La CEDEAO devrait sortir de cette posture de père fouettard pour prendre en compte la trajectoire que les autorités maliennes viennent de dessiner pour la Transition. Au-delà du Mali, ces sanctions ont fait des victimes collatérales dans les pays voisins du Mali que sont, entre autres, le Burkina, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Sénégal. L'on sait que les flux des échanges commerciaux entre ces différents pays sont très importants et vitaux pour les économies des Etats. De nombreux opérateurs économiques et petits commerçants paient le prix fort depuis que le Mali a été isolé de l'espace CEDEAO.

Se cantonner aux seules incompréhensions avec la junte pour maintenir un régime drastique de sanctions, c'est porter volontairement des œillères face à une catastrophe imminente et dévastatrice. Déjà que les signaux sont alarmants pour ce qui est d'une crise alimentaire dans la sous-région, il urge de poser des actes qui participent à renforcer la résilience des populations qui subissent sévèrement les revers de la crise sécuritaire. Après six mois d'une disette imposée et qui a fait des dégâts énormes sur le plan socioéconomique, il serait temps pour la CEDEAO de se faire une raison afin d'aider le Mali à sortir la tête de l'eau.

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