La pénurie de carburant de la semaine passée a laissé des traces en Guinée. Alors que certaines stations services à sec fermaient ce mercredi, les Conakryka se sont rués sur les pompes à essence. Des rumeurs annonçaient une nouvelle rupture de stock. Les discours officiels peinent désormais à rassurer.
La Sonap, l'entreprise publique qui importe les produits pétroliers, a beau enchaîner communiqués et visites de terrain pour assurer qu'il n'y aura pas de pénurie, des dizaines de voitures et de motos faisaient encore la queue jeudi 30 juin devant une station de Dixinn (taxi-moto). " Nous, on a fait toute la semaine dernière sans travailler,explique un conducteur. Quand on dit maintenant que la crise vient, tout le monde se précipite pour aller prendre beaucoup de carburant. D'après la communication du directeur de la Sonap, il y a suffisamment de carburant, mais les habitants ont peur.
" Ce taxi-moto a attendu deux heures pour faire le plein. Il a un message pour les autorités : " Moi, je leur demande deux choses : Il faut beaucoup communiquer, il faut passer beaucoup d'informations. En plus, mettez la pression sur les dirigeants des stations. Quand vous voyez qu'une station est fermée, venez vérifier, parce qu'il y a des stations de mauvaise foi. "
Le litre à plus de 2 euros à Kankan
Le chef de station, Mamoudou Konaté, a reçu des consignes claires : " On ne sert pas dans les bidons, les véhicules 20 litres, les motos 5 litres." L'État a décidé de sévir contre le marché noir. Jeudi, il y avait encore de l'essence dans cette station, mais le ravitaillement, un camion-citerne de 30 000 litres, se faisait attendre : " On a défini un stock de sécurité à 2 000. Arrivé à 2 000, j'arrête." Mamoudou Konaté avait donc un peu plus de 5 000 litres à distribuer, soit l'équivalent d'une journée normale. Avec l'affluence, la demande a pu, ces derniers temps, atteindre 8 000 litres par jour.
A l'intérieur du pays, la situation, elle, reste tendue. Kankan, par exemple, subit une pénurie d'essence. Les consommateurs sont obligés de se tourner vers le marché noir où le litre s'achète jusqu'à 20 000 Francs guinéens, soit plus de 2 euros.