Afrique de l'Ouest: Mali, Guinée, Burkina Faso - La CEDEAO joue balle à terre

Au nom de Buhari, le Vice président Osinbajo assiste actuellement à la 61ème session ordinaire de l'Autorité de la CEDEAO, Chefs d'État et de gouvernement à Accra, au Ghana.
analyse

Ils étaient 12 chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO à se pencher sur la situation politique au Mali, en Guinée et au Burkina, ce 3 juillet à Accra.

Concertations fructueuses s'il en est, puisqu'elles ont abouti à la levée immédiate des sanctions contre le Mali, à la désignation d'un nouveau médiateur de la CEDEAO en Guinée et à un compromis de 24 mois pour la fin de la Transition au Burkina Faso.

Ces compromis valent leur pesant de décrispation du climat des relations entre l'organisation régionale et ces 3 pays, notamment avec le Mali et la Guinée où ses exigences avaient créé plus qu'un sentiment d'incompréhension et d'injustice. Les sanctions de l'organisation, particulièrement contre le Mali, étaient jugées sévères et très impopulaires dans l'opinion publique régionale.

C'est pourquoi, les conclusions du sommet d'hier sont bonnes à prendre pour ces 3 pays, car les déclarations du président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, à l'ouverture de la réunion, avaient donné à craindre un statu quo contraignant et stigmatisant pour les juntes à Bamako, Conakry et Ouagadougou.

En effet, Jean-Claude Kassi Brou a rappelé à cette occasion que l'Afrique de l'Ouest était " fortement ancrée dans la démocratie " mais que les transitions en cours au Mali, en Guinée et au Burkina " peinaient encore, à des degrés divers, à obtenir des résultats probants ". A l'opposé de cette critique sévère des pouvoirs kaki, les conclusions de ce sommet d'Accra indiquent que les chefs d'Etat jouent désormais balle à terre pour une sortie de transition réussie.

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C'est un changement de cap notable, quand on sait qu'au départ, l'organisation régionale a mis la pression tous azimuts sur ces régimes d'exception pour un retour rapide à l'Etat de droit. Le branle-bas de concertations entre nouveau pouvoir, partis politiques, société civile et leaders d'opinion dans chacun de ces 3 Etats, le chassé-croisé diplomatique entretenu inlassablement par l'organisation régionale donnent à entrevoir aujourd'hui le bout du tunnel de ces transitions.

Pour le cas du Burkina, votre quotidien a eu le nez creux en annonçant vendredi dernier, qu'au 2e voyage du facilitateur de la CEDEAO à Ouagadougou, on s'acheminait vers un compromis sur une transition de 24 mois. La disposition au dialogue des autorités burkinabè soulignée par le médiateur dès sa première mission à Ouagadougou, laissait entrevoir qu'un compromis pouvait rapidement intervenir avec la CEDEA0. La libération totale du président Roch Kaboré annoncée ce 3 juillet, en plein sommet de la CEDEAO, n'est pas un hasard de calendrier. En même temps qu'elle répond à une des exigences de la CEDEAO, elle participe à la décrispation du climat social sur le plan national.

Cela explique sans doute que le sommet d'Accra n'ait pas eu la main lourde contre le Burkina et qu'il accorde au gouvernement 24 mois pour un retour à l'ordre constitutionnel normal avec le curseur de décompte mis au 1er juillet 2022. En définitive, c'est comme si la CEDEAO a validé les 30 mois de transition initialement proposés par le groupe d'experts nationaux en février dernier. On n'est pas non plus très loin des 36 mois retenus par les assises nationales pour un retour à l'ordre constitutionnel normal. De quoi satisfaire le président Damiba et son gouvernement.

Il reste maintenant à savoir si cette nouvelle proposition va emporter l'adhésion de la majorité des acteurs politiques et de la société civile burkinabè. Si oui, le gouvernement et la CENI seront-ils prêts aux échéances indiquées pour éviter une prolongation de la Transition qui pourrait fâcher les partis politiques, la CEDEAO, voire la communauté internationale ?

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