Tunisie: Unification des syndicats du corps sécuritaire - Le bras de fer s'installe

12 Août 2022

L'incident survenu lors du show du comédien Lotfi Abdelli à Sfax est un épisode bien triste. Le ministère de l'Intérieur s'est toujours démarqué des syndicats de police et tient à expliquer que les positions des syndicats ne reflètent en aucun cas la position de l'autorité officielle qui n'est délivrée que par le biais de ses structures.

Il a fallu l'intervention du Président de la République pour mettre fin à la polémique qui a émergé suite à l'incident survenu lors du show du comédien Lotfi Abdelli dans le cadre du festival de Sfax et recadrer les syndicats de police. Kaïs Saïed a reçu mercredi, au Palais de Carthage, le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, et lui a affirmé "la nécessité d'assurer la sécurité des citoyens", selon un communiqué de la présidence de la République.

"Le droit syndical des sécuritaires est prévu par la Constitution, mais les Forces de sécurité n'ont pas le droit à la grève", a rappelé le Président de la République, tout en saluant les efforts consentis par les forces de sécurité pour préserver la sécurité, protéger les biens et garantir la liberté d'expression. Il a à cet effet réitéré son appel à unifier les syndicats du corps sécuritaire sous la bannière d'une seule structure syndicale, appelée l'Union générale tunisienne des forces de sécurité intérieure, qui s'occupe seulement des préoccupations sociales de ses affiliés.

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D'une dérive autoritaire à une autre, certains syndicats de police mal encadrés ne font que piétiner un terrain détrempé, sinon comment expliquer les propos, imprégnés de menaces, d'un syndicaliste autour des principes du goût ! "On se retirera de tout spectacle artistique qui portera atteinte au goût général", a-t-il posté sur les réseaux sociaux ! Et dire que Rousseau n'a jamais entrepris d'établir les principes du goût.

Ces propos relayés sur les réseaux sociaux ont provoqué l'ire non seulement des fans de l'humoriste mais aussi d'une grande majorité de Tunisiens qui ont vu d'un mauvais œil cette ingérence et cette dérive sécuritaire.

Rappelons que l'humoriste Lotfi Abdelli avait même pris à témoin son public pour pointer du doigt le comportement hostile de "quelques agents de police" (et pas tous) sauf qu'une plainte a été déposée contre lui pour atteinte aux bonnes mœurs après le spectacle.

Un épisode bien triste qui ne fait que confirmer les dérapages de quelques syndicats de police et une parenthèse qui doit être fermée. Il est vrai que le ministère de l'Intérieur s'est toujours démarqué des syndicats de police et a tenu à expliquer dans un récent communiqué que les positions des syndicats ne reflètent en un aucun cas la position officielle de l'autorité officielle qui n'est délivrée que par le biais de ses structures officielles.

Ceci n'est pas pour autant susceptible de mettre fin à la polémique comme le confirme par ailleurs le communiqué publié hier par le Syndicat des forces de la sécurité intérieure (Sfsi) dans lequel on tente de faire porter le chapeau au gouverneur de Sfax. Les sécuritaires n'ont pas failli à leurs missions et ont dû quitter la salle sur ordre du gouverneur en raison des dérapages observés lors du spectacle de Lotffi Abdelli. Les unités de police ont continué à assurer la sécurité des spectateurs en dehors de la salle du spectacle, souligne en substance ce bref communiqué.

Les propos du syndicaliste qui a expliqué que ses collègues se retireraient de tout spectacle susceptible de porter atteinte au goût général ont été qualifiés dans le communiqué de la Sfsi de "réaction à chaud" ! Ce n'est pas donc une position qu'il fallait prendre en considération du fait qu'elle n'émane pas du Sfsi !

Du tac au tac entre les syndicalistes et le ministère de tutelle. Face à l'appel relatif à l'unification des syndicats du corps sécuritaire, le refus de la part des syndicats de police est quasi catégorique.

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