Tchad: Le pays interdit la consommation des boissons frélatées

8 Septembre 2022

Le gouvernement tchadien a interdit l'importation, la fabrication et la vente des boissons alcoolisées frelatées.Les jeunes sont particulièrement victimes de l'alcool de contrebande.

Selon les autorités sanitaires du Tchad, l'interdiction vise toutes les boissons importées, distillées de façon illégale et dans des conditions non conformes. Car ces boissons frelatées artisanales ont souvent un taux d'alcool très élevé pouvant causer une intoxication qui peut conduire à la mort.

La majorité des consommateurs de ce type de boissons étant plutôt des jeunes, la coordinatrice du programme national de lutte contre la drogue, l'alcool et le tabac, Nenodji Mbairo, estime que c'est une décision nécessaire.

"Il faudrait que les gens comprennent que si l'Etat a pris un décret pour interdire cela c'est dans le bon sens et non dans le mauvais sens. Il faut noter que tout ce qui est frelaté c'est tout ce qui est modifié dans sa nature initiale", explique-t-elle.

Et d'ajouter : "Et donc si nous prenons des alcools frelatés, ce sont des alcools qui ont été falsifiés lors de leur préparation. Lorsqu'on fait le tour de la ville, le constat est là. Non seulement ici, à N'Djamena, mais même dans les provinces ces types de boissons sont facilement accessibles. Ça pose problème."

Pas d'emplois pour les jeunes

Mais pour Désiré Mbairamadji, le président de l'Association des jeunes arcs-en-ciel pour la stabilité sociale en Afrique, c'est la précarité persistante au sein de la population, mais aussi le manque de programmes pour l'encadrement des jeunes, qui est à l'origine de cette situation : "La jeunesse tchadienne n'a pas de lieu de loisir, de culture, n'a pas de lieu de sport. Tout ce que la jeunesse tchadienne connaît c'est l'alcool, son seul loisir. Donc franchement, c'est une décision à saluer mais je pense qu'elle ne sera pas effective sur le terrain."

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Une décision politique

Le nutritionniste Jacques Houroupou Mbambaye appelle l'Etat tchadien à aller plus loin pour éduquer la population à prendre conscience elle-même du danger que représentent ces boissons alcoolisées. Au micro de la DW, il rappelle que "plusieurs Etats ont pris des décisions interdisant l'importation et la vente d'alcool frelaté mais on voit que la plupart de ces décisions n'aboutissent pas".

Selon lui, il va donc "falloir prendre des dispositions allant dans le sens d'éduquer la population à une alimentation saine et à un bon style de vie, d'abord à la maison, à l'école, dans des associations, groupements et autres pour que les gens se l'approprient. Mais si on prend des décisions sans mesures d'accompagnement pour une prise de conscience, mais également sans les centres de désintoxication, cela nous enfonce davantage."

D'après plusieurs sources, ce sont les manifestations de l'opposition contre le dialogue national, ayant drainé de nombreux jeunes très excités dans les rues le week-end dernier, qui auraient conduit les autorités tchadiennes à prendre cette décision.

Les fiches des services de renseignement auraient indiqué que la plupart de ces jeunes étaient sous l'emprise d'alcool.

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