Kenya: Une exposition multimédia sur les déplacements forcés sous la colonisation britannique

Nairobi accueille une exposition multimédia consacrée à la politique de déplacements forcés du temps de la répression menée par l'empire britannique contre la révolte dite " Mau Mau ". Elle est organisée dans le cadre du projet du " musée du colonialisme britannique ", un musée digital, lancé en 2018 par des chercheurs britanniques et kényans.

Objectif de cette exposition : reconstituer l'expérience vécue par 1,2 million de Kényans déplacés de force sous la colonisation britannique. On y trouve des maquettes, des vidéos de témoignages et des installations en trois dimensions qui permettent de se représenter le quotidien dans ce que les Britanniques appelaient " villages ", mais qui étaient en réalité des camps de concentration.

" Nous sommes habitués à lire l'histoire ou à l'appréhender à travers des photographies ou des enregistrements audios, mais avec ces outils, il est difficile de montrer avec exactitude la violence du colonialisme, explique Suhayl Omar, chercheur associé au musée du colonialisme britannique. Grâce aux installations 3D, nous arrivons à mettre les gens en situation pour leur permettre de voir comment ça se passait vraiment. Les médias coloniaux britanniques utilisaient des images biaisées pour manipuler : ils montraient des femmes en train d'apprendre à cuisiner, des rassemblements de gens bien habillés... Mais quand on reconstitue ces lieux et ces villages, on découvre l'ampleur de la violence qui était à l'œuvre. "

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Pour ce travail, les chercheurs s'appuient essentiellement sur des témoignages oraux de Kényans ayant connu cette période et ces lieux. Des paroles trop souvent marginalisées afin de pallier les difficultés d'accès aux archives britanniques ainsi que leurs lacunes.

L'historienne Beth Rebisz, chercheuse enseignante à l'université de Bristol, est l'une des initiatrices de ce projet. Elle témoigne des lacunes des archives britanniques permettant de documenter cet épisode sanglant décolonisation britannique. Des archives que le gouvernement britannique a d'ailleurs très longtemps cachées... à travers ce qu'on a appelé l'opération " legacy " (opération " héritage ").

Il s'agissait d'une opération menée par le gouvernement qui a consisté à cacher ou détruire secrètement tous les documents qui pouvaient de quelque manière que ce soit embarrasser le gouvernement britannique, sa majesté la reine, ou impliquer toute personne ayant travaillé au sein de l'administration coloniale. Lorsque ces archives ont finalement été ouvertes en 2011, les historiens ont pu avoir confirmation de l'ampleur des violations des droits de l'homme qui ont été commises. Mais aujourd'hui, si vous allez consulter ces archives à Londres, cela reste des dossiers gouvernementaux écrits par des administrateurs coloniaux, qui essaient de dépeindre les choses d'une certaine manière. C'est pourquoi dans mon travail, j'essaie de les questionner et de les remettre en cause en menant des entretiens avec des femmes qui ont été déplacées et réinstallées de force.

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