Afrique: Développement - Les six défis de l'aide britannique

Le budget de l'aide du Royaume-Uni est confronté à de graves difficultés. À la suite des changements apportés aux impôts et aux dépenses annoncés par le nouveau chancelier de l'échiquier du pays, Kwasi Kwarteng, le secteur du développement fait face à une troisième série de réductions des programmes internationaux prévus, alors que la livre plonge à des niveaux records.

Les réductions de l'aide britannique en 2021, de 0,7% à 0,5% du revenu national brut, avaient déjà provoqué des remous dans le secteur du développement cette année. Le budget de l'aide britannique est aujourd'hui estimé à 12 milliards de livres sterling. Les programmes internationaux de développement et humanitaires qui seront financés à partir de ce montant sont encore plus menacés. Les raisons sont complexes tant à l'échelle internationale que nationale.

1 Volonté politique

Le Royaume-Uni est confronté à une crise du coût de la vie provoquée par un effondrement de la monnaie et une flambée des prix de l'énergie déclenchée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, combinée à une faible croissance, à une inflation galopante et aux retombées continues du Brexit. Tout ceci se déroule dans un contexte de climat politique fébrile qui vient de voir le pays procéder à la nomination de son quatrième ministre en huit ans. La somme de ces facteurs a créé un environnement politique difficile pour le budget d'aide de 0,5 %. Sur la base des tendances financières actuelles, il est peu probable que le pays réponde aux tests budgétaires introduits par le précédent chancelier, Rishi Sunak, pour revenir à un budget d'aide de 0,7% avant 2027-28 au plus tôt.

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2 Dépenses pour les réfugiés

La principale source de préoccupation pour le budget de l'aide serait le montant utilisé par le ministère de l'Intérieur afin de payer un afflux de réfugiés. Le Center for global development (CGD), Save the children, et la campagne ONE, estiment le montant entre 2,5 et 3 milliards de livres sterling. Des coupes d'au moins 919 millions de livres sterling devraient être effectuées dans les programmes internationaux pour payer les coûts du ministère de l'Intérieur, apprend-on. L'envolée des coûts de ce ministère aurait déjà causé le gel du financement de l'aide " non essentielle " en juillet.

3 Répondre aux besoins en Ukraine

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a créé des besoins humanitaires vastes et imprévus. Au moins 1,5 milliard de livres sterling a déjà été dépensé par le gouvernement britannique pour l'aide humanitaire et le soutien économique à l'Ukraine. Le Magazine "Politico" a rapporté que le rôle de ministre du Développement international nouvellement créé, occupé par Vicky Ford, " devrait se concentrer sur la reconstruction en Ukraine ". Londres organise également une conférence consacrée au redressement de l'Ukraine en 2023.

4 Coûts fixes

Le budget rendu disponible est aggravé par le fait qu'une grande partie du budget d'aide du Royaume-Uni est constituée d'engagements existants. La stratégie tardive de développement international, publiée en mars, a déçu certains experts de l'aide. En raison de la baisse des contributions à l'aide à l'Union européenne et de la hausse potentielle du revenu national brut, jusqu'à 1,2 milliard de livres sterling supplémentaires pourrait être mis à disposition, indique-t-on.

5 Baisse du financement public

La réduction du budget de l'aide est aggravée par d'autres facteurs qui s'ajoutent aux difficultés du secteur du développement du pays. Certains rapports et comptes des organisations non gouvernementales notent aussi une réduction de la contribution du public britannique depuis 2021, toutes raisons de croire que cela va se poursuivre cette année et potentiellement aggraver.

6 L'inflation et l'économie mondiale

Les organisations de développement ont été touchées par une forte hausse de la base de coûts, l'inflation des prix de l'énergie, les voyages et les salaires. Alors que l'inflation est de 10% dans l'ensemble du Royaume-Uni, elle est plus grave dans certains des domaines où travaillent les organisations à but non lucratif, comme l'alimentation. Ian Mitchell, chercheur principal en politiques au CGD et auteur principal de l'analyse mentionnée ci-dessus, affirme que les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 25% à l'échelle mondiale.

Perspectives à long terme

Compte tenu des difficultés intérieures du Royaume-Uni et de l'histoire de l'aide et le développement de la part de certaines parties influentes de la classe politique et médiatique, les perspectives à long terme - du moins sous le gouvernement conservateur actuel - pourraient être difficiles. Les commentaires des médias critiquant l'envoi d'argent à l'étranger semblent avoir augmenté, en particulier parmi les experts de droite, dit-on. La fermeture du DFID et la réduction du budget d'aide de 0,7 sont également intervenues pendant une période d'incertitude politique et économique.

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