Afrique: Suisse - Des experts dénoncent un racisme systémique envers la population africaine

Des experts indépendants de l'Organisation des Nations unies (ONU) dénoncent un racisme systémique en Suisse, et sont inquiets de la situation des droits de l'homme des personnes d'ascendance africaine dans ce pays européen.

Des experts de l'ONU "sont très inquiets" de l'attitude des forces de l'ordre et du système judiciaire, a indiqué Catherine Namakula, résidente du groupe de travail de l'ONU sur les personnes d'ascendance africaine. Selon les experts, les opérations policières incluent des arrestations brutales, le profilage racial, des traitements dégradants et le renforcement des stéréotypes raciaux négatifs dans les espaces publics. " Les victimes sont déconseillées de porter plainte, ce qui entraîne souvent des représailles qui sont soutenues par les systèmes judiciaires ", a insisté la présidente du Groupe de travail de l'ONU. " Le profilage racial généralisé, les contrôles de police, les fouilles invasives dans la rue, les fouilles à nu publiques, les fouilles anales, les insultes et l"humour' racistes, la violence et l'attente de l'impunité ont été décrits comme une routine ", détaille le rapport.

Le document relève une discrimination raciale structurelle et un racisme anti-noir, aux " graves répercussions sur les droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques " sur les demandeurs d'asile et les réfugiés d'ascendance africaine, notamment " un traitement dur et racialisé de la part de la police et du personnel pénitentiaire, parfois en toute impunité ", y compris les personnes d'ascendance africaine nées ou naturalisées en Suisse. A ce sujet, en 2020, 6 à 11% de la population suisse a montré " des attitudes hostiles envers les musulmans, les Noirs et les Juifs ", indique le texte.

%

En outre, des stéréotypes négatifs persistent. Ainsi, les personnes d'ascendance africaine sont " dépeintes comme des trafiquants de drogue, des parasites sociaux ou des demandeurs d'asile indésirables ". "Ces images sont renforcées par des campagnes politiques, le profilage racial et l'abus d'autorité, notamment lorsque la police s'appuie sur des stéréotypes raciaux négatifs et les renouvelle ", fustigent les experts.

Parmi les recommandations, les experts souhaitent des investigations sur tous les décès observés en détention ou dans les centres d'accueil des requérants d'asile. Autres demandes, les policiers devaient être munis de caméras, dont les images devraient être rendues publiques. Une loi contre le profilage racial doit être approuvée. Ils invitent les autorités suisses à reconnaître " un racisme systémique ", insistant sur un renforcement des mesures de reddition des comptes. Face à ce sombre tableau, Berne estime que "quelques cas individuels ne sont pas représentatifs de la situation ".

Pour la délégation suisse, " le racisme et la discrimination raciale, y compris à l'égard des personnes d'ascendance africaine, sont (toutefois) des problèmes auxquels il faut s'attaquer d'urgence ". Une façon de rappeler que la dimension structurelle du racisme, dénoncée par le Groupe de travail de l'ONU, doit être davantage explorée.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.