Madagascar: Migrations climatiques - Une centaine de familles victimes du " kere " fuit le Sud

La lutte contre la survie pousse une centaine de familles du Sud à tout abandonner dans l'espoir d'un lendemain ailleurs. Rien n'est pourtant sûr en ce qui concerne leur proche avenir, l'essentiel pour eux étant de quitter cette terre inhospitalière.

Un vrai parcours du combattant ! Bien que la fatigue et la faim se lisent sur les visages des hommes et des femmes qui sont arrivés à Ankadimbahoaka la veille, l'espoir luit encore leurs yeux. Venus du district de Bekily, de la région Androy, ils ont fui la famine qui y sévit. Pourvu du strict minimum que sont leurs vêtements, le reste de leurs possessions ayant déjà été vendu, ils misent sur un exode vers Ambondromamy, même s'il n'y a personne pour les recevoir. Cette aventure étant cependant basée sur une information passée de bouche à oreille indiquant qu'il y aurait des terres cultivables à Ambondromamy.

Odette Revantana avec ses cinq enfants ont quitté Bekily vendredi dernier, après un millier de kilomètres parcourus, le voyage n'est pas encore fini après cette escale à Ankadimbahoaka ." Nous mourrons de faim, même les cactus sont desséchés, alors que c'est ce que nous mangeons. Nous ne savons pas encore où nous allons vivre et comment notre situation va évoluer une fois que nous serons à Ambondromamy. Tout ce que je sais, c'est que je ne peux pas prendre le risque de rester dans mon village ", témoigne-t-elle. Son cas n'est pas isolé, bon nombre de familles ayant fait le voyage avec elle dans ce karandal ont payé le frais de 120.000 ariary sans avoir de quoi revenir de cet exode. " Je compte me lancer dans l'agriculture, parce que selon ceux qui nous y ont déjà précédé, il y a encore assez d'espace pour faire de l'agriculture. Nous avons donc vendu tous nos biens à Bekily et avons décidé de déménager à Ambondromamy ", poursuit Namindra, père d'une famille de 4 personnes.

%

Cercle vicieux

Ce n'est pas la première fois qu'une telle migration massive se passe dans le Sud. Chaque année, de nombreuses familles fuient la sécheresse qui sévit dans la région et se mettent à la recherche de nouvelles destinations où elle pourrait avoir une meilleure vie, généralement, il s'agit d'Antananarivo. Fort malheureusement, bon nombres d'entre eux n'ont pas d'occupation ni de proches qui les attendent, augmentant ainsi le nombre de personnes en situation précaire dans les rues. Certains se mettent à ravager des réserves forestières ou à augmenter le risque d'insécurité en procédant à des délits faute d'emplois. Selon le chauffeur du Karandal, c'est durant la période de pluie en particulier que ce genre d'exode a lieu vu qu'ils tiennent à commencer des exploitations agricoles sur les lieux. En cette période de l'année, la plupart des destinations de la Grande île voient donc venir de nombreuses familles de réfugiés climatiques. Des mesures ont déjà été prises pour les prendre en charge, mais celles-ci s'arrêtent à des aides ponctuelles comme la distribution de vivres.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.