Madagascar: Les égouts, un problème très grave pour l'avenir de la capitale

L'adduction d'eau potable est plus malaisée dans la capitale que la distribution de l'électricité (lire précédente Note). La vieille cité se ravitaille à des puits peu profonds, au pied des collines et qui sont alimentés par des résurgences ou des suintements.

Les plus réputés sont ceux d'Ambanidia à l'est et en-dessous d'Andohalo où l'on apporte des offrandes ; et à l'ouest, ceux de Mahamasina. Jean Laborde aurait essayé, vers 1860, d'amener l'eau jusqu'au Palais de la Reine, " en utilisant comme siphons des canons de fusil, mais cette tentative n'eut pas de suites durables" (Chapus, Quatre-vingt années d'influences européennes en Imerina). Après l'occupation, les techniciens songent d'abord à dériver les eaux de source du massif d'Anjeva, à une quinzaine de kilomètres d'Antananarivo.

Cependant, elles ne sont pas assez pures et leur débit serait devenu très insuffisant. Un autre projet consiste à élever l'eau d'une nappe souterraine indiquée par les géologues dans le vallon de l'est, aux environs d'Ambanidia, mais on ne la trouve pas assez abondante non plus. Finalement, on choisit le lac de Mandroseza qui s'est formé " à 21km au sud-est du Rova, à l'abri de la digue du chemin de fer, élevée sur la rive droite de l'Ikopa. Cette nappe peu profonde de 50 ha environ, est alimentée par les eaux superficielles affluentes, par des infiltrations de l'Ikopa à travers la digue et, enfin, directement par une vanne qui la met en communication avec la rivière "

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(Spécial Tananarive, Revue de Madagascar, 1952). Une usine est édifiée sur la rive nord du lac et reliée à la ligne de transport électrique de Mantasoa. Elle comporte une installation de filtrage et d'épuration. " L'épuration physique et chimique fut complétée par une stérilisation bactériologique utilisant le procédé de verdunisation Bunau-Varilla." L'eau qui est aspirée à la cote 1268, est refoulée à Antananarivo à la cote 1396, étage intermédiaire d'Andohalo, d'où elle parvient au réservoir inférieur d'Ambohi-jatovo (1360 m) et au réservoir supérieur du poste optique (1454 m) pour les besoins des plus hauts quartiers.

La forte dénivellation interdit une distribution unique " qui aurait donné dans la ville basse une pression de 19 atmosphères ". L'eau de Mandroseza parvient le 1er janvier aux premières bornes-fontaines qui se comptent à cent soixante-quinze en 1941, et à deux mille abonnés.

Les installations sont prévues pour le traitement et l'élévation de 3 000 m3, et des possibilités d'extension sont aménagées. En 1932, la moyenne débitée est de 5 500 m3, de 8 000 m3 en 1941. L'usine doit faire appel à une quantité d'eau de plus en plus grande d'eau provenant directement de l'Ikopa. Pourtant, la consommation par tête d'habitant reste assez faible, à peine 70 litres/jour en moyenne. Pour la masse de la population, elle est certainement plus basse, si l'on remarque qu'en 1 932, sur 5 000 m3 débitées, seules 3 350 m3 sont utilisées aux bornes-fontaines. Toutefois, la distribution de l'eau ne peut pas être étendue partout en-dehors de l'agglomération.

Les habitants de la plaine d'Anosizato, au sud-ouest de la capitale, puisent encore directement dans l'Ikopa. Quant au service d'enlèvement des ordures ménagères, par véhicule à traction animale ou automobile, il fonctionne convenablement dans les quartiers neufs et le long des voies carrossables. Mais la collecte est malaisée dans les blocs d'habitat populaire, desservis par des ruelles tortueuses, des impasses et des escaliers. Les espaces étroits qui subsistent entre les murs des maisons, sont bien souvent des " réceptacles d'immondices, foyers à mouches " avec ce que cela comporte de risques de " maladies des mains sales ".

Cette difficulté se retrouve, accrue, dans le problème des égouts qui reste le plus compliqué, le plus grave pour l'avenir de la capitale. Mais le problème de l'évacuation des eaux- eaux du ciel, eaux usées- est plus embarrassant encore que celui de leur collecte. Dans le vieux Tana, les pluies sont les plus grandes balayeuses des détritus accumulés pendant la saison sèche. " Les principes de l'hygiène moderne n'admettent pas qu'on s'en rapporte à elles. Leur écoulement même est une cause de souci. "

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