Guinée Equatoriale: Présidentielle - Quand l'insatiable Obiang va-t-il s'arrêter ?

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo
analyse

Ce vendredi à 24h, heure de Malabo (UTC+2), sera close la campagne pour les élections générales en Guinée équatoriale, prévues pour le dimanche 20 novembre 2022. Environ 500 000 électeurs sont appelés aux urnes pour élire le président de la république, les membres des 2 chambres du Parlement et les conseils municipaux.

Évènement dans l'évènement, il n'y a pas de doute que c'est la présidentielle qui vole la vedette aux sénatoriales, aux législatives et aux municipales à ces scrutins. La raison en est bien simple : parmi les candidats à cette présidentielle, figure un dinosaure qui écrase de son poids de 80 piges la scène politique équato-guinéenne depuis 43 longues années. En effet, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo est candidat à sa propre succession à la présidence de ce petit pays d'Afrique centrale qu'il dirige d'une main de fer depuis son coup d'Etat d'août 1979. Et depuis l'instauration du multipartisme dans le pays en 1991, c'est le 6e mandat présidentiel qu'il briguera.

Pas de doute que le scrutin de dimanche ne sera qu'une formalité pour Teodoro Obiang Nguema et sa formation politique, le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), ultra majoritaire. Avec ses 55 sénateurs sur 55, ses 99 députés sur 100 que compte le Parlement, tous en campagne, le PDGE est en pole position pour une énième razzia électorale, notamment à la présidentielle.

En effet, l'éternel Teodoro Obiang Nguema y est opposé à 2 autres prétendants, plus des candidats faire-valoir que de véritables opposants, qui vont difficilement l'empêcher d'être réélu avec un score de plus de 90% comme en 2016. Les vrais opposants au président Obiang Nguema sont soit en exil soit en prison. On pense aux plus de 150 militants du parti interdit, Citoyens pour l'Innovation, ainsi qu'à ces activistes des organisations de défense des droits de l'homme qui ont été arrêtés en mi-octobre 2022 pour complot contre la sûreté de l'Etat avec prévision d'attentat contre des personnalités et des attaques d'ambassades, selon la version officielle. Mais pour le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), basé au Cameroun, il s'agit d'" une vague de répression destinée à faire taire la population (... ) à l'approche des élections ".

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La vraie opposition ainsi muselée, le président Obiang Nguema est bien parti pour un 6e mandat. Pour ses partisans, l'homme est un "faiseur de paix"... un bâtisseur du pays dans la stabilité et le progrès. C'est en tout cas sur ces thèmes qu'ils ont battu campagne tandis que l'opposition dénonce le manque de démocratie, de liberté d'expression et de justice sociale.

En politique surtout pendant une campagne électorale, il est difficile de trier le bon grain de l'ivraie dans les promesses et déclarations des candidats mais, pour sûr, les violentes rafles d'octobre dernier apportent de l'eau au moulin des contempteurs du président Teodoro Obiang Nguema. Par ailleurs, un si long règne aux commandes de l'Etat finit par créer l'immobilisme et, plus grave, la patrimonialisation de l'appareil administratif par népotisme et clanisme. Et quand ce mal est fait, on envisage le pire, à savoir la monarchisation des institutions par une succession dynastique.

La Guinée équatoriale, dans le dur d'une stabilité rigide qui confine à l'immobilisme politique, pourra-t-elle éviter un jour le syndrome des fins de règne chaotiques des dinosaures politiques ? La réélection plus que probable de Teodoro Obiang Nguema n'est-elle pas un prélude à une dévolution dynastique du pouvoir ? De fait, il se murmure de plus en plus que tout est réglé comme du papier à musique pour que le fils, Teodoro Obiang Nguema Mangue, succède au père tôt ou tard. Quand on sait que le père avait renversé son oncle, il n'est pas exagéré de dire qu'en Guinée équatoriale, présidence de la république rime avec famille Nguema depuis l'indépendance du pays en 1968.

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