Cameroun: Avec la mort de Martinez Zogo, c'est le glas qui sonne.

27 Janvier 2023

Depuis dimanche, le visage de chaque camerounais est torturé par l'anxiété. On a l'impression d'avoir vécu cette torture avec Martinez Zogo. Chacun essaie de retracer le film dans sa tête ; toutes les familles que je connais en occident vivent la même psychose, beaucoup disent n'avoir pas dormi depuis des jours, parce qu'à chaque minute la douleur de ce vaillant camerounais revient dans leur tête. Une seule chose me convainc... c'est le glas qui a sonné.

Le destin d'un homme étant constamment de se confronter, à l'histoire de son pays. Sur cette route qu'est la vie, nous devons beaucoup à notre pays le Cameroun où nous sommes tous nés, où nous avons grandi et passé les plus beaux instants de notre existence.

Le Cameroun est un peuple de légendes ; son histoire passionne depuis la nuit des temps, malgré le reniement, l'écrasement cruel des plus forts sur les pauvres ; ses enfants ont continué leur chemin la tête haute, fiers et courageux. Aujourd'hui, ce pays est souillé ; partout, ce sont les pleurs, non pas parce qu'une personne est morte, mais à cause du traitement inhumain qu'il a enduré avant de succomber. Ces impitoyables tortures sont des gestes abominables. Ce n'est pas le visage du Cameroun ça. Alors nous demandons vengeance en considérant chaque Camerounais d'exécuteur là où il se trouve. Bien que le pays soit si religieux, ce décès ne suscite rien que de la haine. Chacun se sent indigné, par le calvaire vécu par cet animateur. On attend le président de la République qu'il ne se borne pas à rester indifférent face à une mort aussi tragique. Dans un tel événement, plus la brutalité est cassante, plus les jours passent, qui peut être suspecté de passivité, plus la colère monte. Des jours durs et dans ces moments tragiques où les mots paraissent si pauvres pour dire le choc que l'on ressent, il faut vite agir.

%

Le Cameroun est devenu comme une plaie purulente, il faut panser ces plaies. Et pour panser les plaies, il ne faut pas caresser la partie blessée. C'est ce qui va se passer dans les prochains jours. Je prie pour ceux qui sont mêlés dans cette affaire. Ils ont gâché leur vie pour toujours. Il y a des hommes qu'il ne faut pas toucher.

Vider un cadavre, l'entailler, l'interroger, le tatouer, l'assassiner par une lente agonie, c'est terrible, c'est hallucinant ; des personnes comme celles-là, ne peuvent plus vivre au milieu des hommes. Même avec le recul, on n'est pas sûr d'effacer cela dans nos têtes. Quelle monstruosité ! Quelle folie meurtrière ! Tout suscite la haine, l'intensité de la haine, comment les hommes peuvent obéir à une telle logique, ce comportement attire la foudre. Les camerounais sont dans la vallée des vautours, dans une vallée empoisonnée.

Parfois, on voit les élèves bagarrer, les autres entrains de les filmer pour des vidéos qui seront publiés sur internet. On construit une jeunesse violente. Le Cameroun se construit dans le sang, un sang qui commence par la tête et se propage dans tout le corps.

Martinez Zogo était un passionné de la radio ; on connaissait l'étendue de ses dossiers ; il donnait des nouvelles à chaud, il expliquait, il dénonçait, il était un passionné du Cameroun. Il y était viscéralement attaché. Nous avons tous en mémoire sa voix porteuse, ici réside dans la force de caractère de l'élite animateur ; il connaissait son pays de fond en comble ; il savait dans son for intérieur que le pays avait besoin d'un changement définitif. Instinctivement, il était prêt à y mourir, il l'a dit " ils vont seulement me tuer. " Il a été audacieux. Il maitrisait certains dossiers et ce fut son ultime bataille. Aujourd'hui tout camerounais est convaincu que ce monsieur qui est tombé sur une terre isolée est une graine. Quand le glas sonne, c'est comme ça que les choses commencent. Vidéo de la cérémonie des chefs traditionnels https://o-trim.co/mti

Quand cette torpeur sera dégagée, les camerounais retrouveront leur chemin de la vie pour redonner la fierté à ses beaux enfants qui rayonnent à travers le monde. Même dans les moments les plus graves de notre histoire, ce n'est pas avec la violence qu'on peut régénérer le monde, ce pays montre qu'il a gardé intact l'héritage des prédécesseurs, il présente un visage effrayant. C'est pourquoi nous souhaitons que cet événement soit l'effet papillon.

Que le corps de Zogo soit exposé dans un endroit où tous les camerounais viendront lui rendre un dernier hommage, j'aimerais dire ici qu'il y a des morts qui sont amers, si des cas sont restés classés sans suite, ça ne sera pas ce cas-ci. Certaines morts vont ressusciter pour former une armée des anges. Le jour du changement est là. Dans la vie, on ne doit pas mourir de façon gratuite. Il y a des morts qui vengent tous les combats.

Malgré la médiocrité de ce pays, ce temps est un grand temps. Un pays qui est né béni, qui a connu toutes les étapes du succès, qui dispose des intelligences héroïques, des compétences avérées, des enfants toujours poussés en avant, qui tiennent fermement leur culture artistique adorée, qui sont dotés d'une riche histoire depuis des générations, bref une jeunesse avec une grande énergie et une immense capacité de créativité, d'initiative, sombre dans le chaos.

Nous n'allons pas laisser notre jeunesse dans cette boue dans laquelle les dirigeants les entraînent, ils ont un avenir bien meilleur que ces lugubres images. Un pays qui organise des bals des vampires n'a plus rien à donner. Il y a des morts qui restent vivants qui se transforment à leur tour en monstre pour faire la vengeance. Ouvrez les yeux et attendons voir.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.