Congo-Kinshasa: Après Papa Wemba à Abidjan - Le chanteur Mi-Amor Mputu Ebondo tombe arme à la main à Kinshasa

Il était un des guerriers de ce siècle présent à gagner le combat contre la globalisation tribale dans la mégapole. Sa voix mirobolante a raisonné dans toute la planète pour imposer l'identité culturelle du peuple Songye. Lui, c'est le célèbre chanteur Mputu Ebondo Meso Meso, alias "MI-AMOR, le PHARAON NOIR". Ce griot international est décédé à l'âge de 73 ans, dans la nuit de dimanche 29 au lundi 30 janvier 2023 après un malaise survenu sur scène à Kinshasa lors de sa prestation dans un deuil. Sa mort se ressemble à celle de Papa Wemba, une autre star de la musique congolaise qui s'est écroulée, de la même manière lors d'un festival, à Abidjan.

MI-AMOR était considéré jusqu'à son dernier jour comme le porte-étendard de la culture Songye, une tribu du centre de la République Démocratique du Congo. C'est grand baobab qui vient de tomber. Sa disparition est une grande perte pour la famille musicale congolaise en général et pour la communauté songye du monde entier en particulier.

A la fois auteur-compositeur, chanteur, écrivain, conteur, danseur, producteur et leader du groupe Kasaï All Star et patron du groupe Tout Grand BASOKIN (Bansongye de Kinshasa), Mputu Ebondo est un artiste aux talents innombrables.

Plus de 50 ans de vie de scène, cette illustre icône a sacrifié toute sa jeunesse pour imposer, promouvoir et valoriser la culture Songyesur toute l'univers.

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Ce génie griot international a commencé sa carrière musicale dès son bas âge à Kasase, son village natal, en passant par Kabi dans la province de Lomami jusqu'à son arrivé à Kinshasa pour intégrer Basokin. C'est le 15 août 1983 qu'il a été élevé à la tête du TG BASOKIN, en qualité de Directeur artistique.

Son ultime mission était de faire de ce groupe traditionnel moderne un des meilleurs du folklore Songye dans le monde. Effectivement, il a réussi son crédo. Cette légende a fait danser tout le continent avec ses tubes intemporels tes que " Musongye Mukielenge ", " Bobodibo " ou encore "la Mort de Mi-Amor " ainsi que ses spectacles envoûtants en Afrique, en Europe et en Amérique.

Sur plan discographique, leader de BASOKIN a laissé un répertoire riche en mélopées qui, peut désormais, servir d'une référence historique pour la génération future à grâce à ses œuvres anthologiques. Car ses chansons ont permis à l'humanité de découvrir la richesse, la culture dans son intégralité et surtout de comprendre la tradition (us et coutumes) Songye.

La lutte contre la globalisation tribale a été son cheval de bataille. A travers ses compositions, Mi-Amor évoquait les origines et faisait l'apologie du peuple Songye. Avec sa voix imposante, il défendait les rites ainsi que les valeurs ancestrales songyes. Son objectif était surtout de mettre fin à la confusion dans la métropole où la population confondait le peuple Songye à d'autres tribus du Grand Kasaï.

A la fois interpellateurs et moralisateurs, ses cantiques renferment des messages poignants pour sensibiliser et exhorter les leaders politiques et notables Songyes au développement, à la solidarité et à la construction de leur province de Lomami.

Basokin : patrimoine Songye !

On ne peut pas jamais parler de Pharaon Noir sans citer le nom de TG BASOKIN, cette formation musicale fondée par le patriarche Timothée Katanga Mukumadi en novembre 1982à Kinshasa où elle connut un succès grandissant.

Leader et Manager incontournable, Mputu Ebondo a dirigé pendant 40 ans ce groupe musical qui a acquis la maturité nécessaire pour apporter comme il se doit sa contribution au développement et à la promotion de la Culture Songye. BASOKIN fait des ballades en défendant les valeurs culturelles Songyes. Gardant toujours le rythme et le rite ancestral, l'ensemble joue avec des instruments traditionnels de la province du Grand Kasaï.

Ce groupe a une vocation noble de sauvegarder l'unité, la défense et la valorisation de la culture et de la langue Busongye. Son objectif est de rendre plus perceptible la tradition et la culture à travers les sons et les mélodies musicaux. Chaque chanson de Basokin véhicule un message de l'histoire, de la géographie, de l'ethnie ainsi que de la société ou de la politique Songye. " Avec la musique, notre mission est de sortir du carcan la langue songye en faisant une nette différence entre la culture Songye, Luba et tant d'autres du Grand Kasaï ", disait Mi-Amor à chaque, à la presse.

Ce disciple d'Orphée avait une passion dévouée pour son art malgré qu'il a été attiré par la politique jusqu'à être élu Député provincial en 2018 à Lubao, dans sa province natale de Lomami.

Né le 8 juillet 1950, Mi-Amor est pédagogue de formation. Cet ancien préfet de Kabinda laisse une veuve et plusieurs orphelins.

Que son âme repose en paix.

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