Afrique: Atteinte de la souveraineté alimentaire par les femmes - Des recettes d'experts africains pour y arriver

Intervention de Mme Vera Songwe, présidente du conseil d'administration de la Liquidity & Sustainability Facility (LSF) et ancienne Secrétaire Exécutive de la Commission économique pour l'Afrique lors du Forum AWA tenu le 7 mars 2023 à Rabat (Maroc)
13 Mars 2023

« Selon les chiffres de la Banque africaine de développement (Bad), le continent africain importe, par an, plus de 100 millions de tonnes de denrées alimentaires pour une valeur de plus de 75 milliards de dollars »

Cette information capitale est de M.  Amadou Mahtar BA, Co Fondateur et Président du Conseil d'Administration du Groupe Allafrica et membre   du premier Haut panel du Sg des Nations Unies pour l'Autonomisation économique des femmes.  M. Amadou Mahtar BA, a fait cette révélation, le 08 Mars 2023, à Rabat au Maroc. Ce à la faveur de la cérémonie d'ouverture du Africa Women Agenda,( Awa2023)  dont  le thème  était : « Souveraineté alimentaire : Nourrir  l'Afrique  au féminin. »

Une thématique bien à propos qu'il montre y a du chemin à parcourir pour l'atteinte de cet objectif  et que dans ce combat, les femmes africaines y ont un grand rôle.

Les chiffres qui indiqués plus haut montrent bien que l'Afrique   injecte   chaque année, des milliards de devises pour assurer non seulement sa couverture alimentaire mais aussi que le continent africain malgré les potentialités naturelles immenses reste dépendante de l'extérieur pour se nourrir.

75 milliards de dollars ? Oui vous avez bien entendu. Cette somme représente presque deux fois l'aide publique au développement reçu dans le continent en 2022. Car ajoute M. Ba, « presque 300 millions d'individus souffrent de la faim au quotidien à travers le continent, la plupart étant des femmes et des enfants. Mesdames et Messieurs, c'est malheureusement plus de 20% de la population totale du continent. Ces chiffres clés indiquent clairement que même s'il y a eu des progrès indéniables enregistrés notamment depuis 2014 avec la Déclaration de Malabo sur la croissance et transformations accélérées de l'agriculture, le chemin à parcourir reste encore long. Ma conviction est que l'Afrique y arrivera avec une participation plus inclusive des femmes. »

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Dans cette optique, ce ne sont pas les initiatives qui manquent en Afrique.  A la faveur   de Awa2023, des experts africains ont présenté des ébauches de solutions.  Afin de mettre en valeur et tirer le maximum de profits des 30 millions de kilomètres carrés. Qui malgré les déserts, le continent regroupe toujours environ 65% des terres arables non cultivées de la planète.  Ces panelistes et officiels venus aussi bien, du Sénégal, du Maroc que de la Côte d'Ivoire, ont bien voulu décliner leurs visions en mettant un accent particulier sur le rôle clé des femmes

Des initiatives à renforcer pour inverser la tendance

A la tribune, la représentante du Directeur général de l'Icesco, Dr Salim AlMalik, empêché, a exposé sur ce que cette structure a fait en termes de renforcement de capacité des  acteurs du secteur agricole africain. « L'Icesco a renforcé des politiques, programmes et financement pour une autonomisation et le leadership des filles, adolescentes et femmes proclamant 2021 Année de la femme enclenchant ainsi une ère centrée sur un accompagnement multisectoriel des besoins des femmes avec une priorité sur l'agriculture pro nutrition combinant l'innovation, les savoirs endogènes, l'entreprenariat et de la résilience communautaire pour lutter contre la malnutrition,  la faim, l'abandon scolaire des filles,  l'exclusion socio-économique des femmes et la dégradation de l'environnement », a-t-elle dit.

C'est pourquoi, elle   a salué   l'initiative de ce forum par le Groupe All Africa Global Media. Non sans inviter l'ensemble des partenaires de se joindre à l'Icesco pour que les femmes soient plus que jamais souveraine pour une sécurité alimentaire, nutritionnelle et environnementale.

Aider les femmes à avoir accès à la terre et aux financements

M. Arnaud Boni,  Coordonnateur  de projets de la Fondation Awi de la Côte d'Ivoire a abondé dans le même sens.  Créée en 2016, la Fondation African Women (Awi) a pour objectif de promouvoir et de valoriser les initiatives des femmes africaines entrepreneures ; les accompagner dans leur recherche d'autonomisation économique et créer un réseau de femmes entrepreneures maîtrisant leurs activités en vue de contribuer au développement social de leurs communautés.

Lors du panel 2 ayant pour thème : « Femmes africaines : Résilience et changement climatique », M. Boni a partagé la vision de la Fondation Awi.

Les statistiques de la Fao indiquent que les denrées alimentaires destinées à la consommation des ménages locaux sont produites par les femmes. Elles représentent, 50% de la main d'œuvre.  Cependant, précise M. Boni, étant les principaux acteurs, elles ne sont pas suffisamment équipées pour faire face au changement climatique.

De l'avis de M. Boni, plusieurs défis se présentent à elles notamment : l'accès à la terre ainsi que les conflits et aux semences améliorées et équipements agricoles.

« Elles sont dépendantes de la pluviométrie car n'ayant pas d'infrastructures dédiées. Aussi, leurs capacités techniques ne sont pas renforcées sur le plan des techniques culturales dans un contexte de changement climatique, de gouvernance et de gestion. », a déploré M. Boni.

Avant d'ajouter que les femmes ont rarement accès à l'information agrométéorologique. Même quand ces informations sont disponibles, leur niveau d'éducation fait qu'elles ne peuvent pas lire dans leur langage car les bulletins de météo sont très techniques.

Défis auxquels s'ajoutent, l'accès au marché et l'information pour faciliter la commercialisation des produits. Aussi, a -t-il ajouté, la grande partie des femmes dans le monde rural sont exclues des services financiers classiques car elles ne sont pas formalisées.

Mettre le cap sur la digitalisation

Au niveau du digital, en Afrique Subsaharienne, les femmes sont moins susceptibles de posséder un téléphone et l'écart numérique entre les sexes dans l'utilisation de l'internet avec un taux de pénétration de 41%, ce qui aurait facilité l'accès à l'information si toutes les femmes avaient accès au digital.

Que faire pour palier à ces défis, plusieurs recommandations sont à formuler. Citons entre autres, la diffusion de l'information météorologiques dans un langage beaucoup plus adapté des   femmes sur le temps, le climat et les techniques culturales dans un contexte de changement climatique.

Sans oublier la vulgariser des bonnes pratiques de gestion durable des terres par la mise en place de parcelles de démonstration sur les systèmes agro-sylvicoles. Après la production, en qualité et en quantité, il urge de faire une cartographie des besoins en offre de disponibilité dans les grands bassins de production ainsi que les besoins en produits. Ce pour interconnecter les plateformes collaboratives pour faciliter l'accès à l'information et l'écoulement.

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