Guinée: Débat d'orientation constitutionnel - Voici ce que le PM Goumou attend du futur texte fondamental

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Le premier ministre Chef du Gouvernement de la transition a pris part à l'ouverture des débats d'orientation sur la nouvelle Constitution, une initiative de du Conseil National de la Transition CNT. Dans son discours tenu devant les honorables conseillers nationaux, Dr Bernard Goumou cette démarche cadre parfaitement avec la vision du Président le Colonel Mamadi DOUMBOUYA, qui, lors de son investiture affirmait selon lui « Nous devrons oeuvrer ensemble pour poser les bases d'une société réconciliée et engagée pour son développement socio-économique ... ». C'est pourquoi il attende à ce que la nouvelle Constitution un texte qui doit se débarrasser de toutes les considérations de quelques nature que ce soient afin qu'il (texte) puisse résister aux tentations. Extrait !

« Un chronogramme de la transition a été élaboré en dix (10) points pour le retour à l'ordre constitutionnel au terme des vingt-quatre (24) mois de la période transitoire. Ce chronogramme a fait l'objet d'un accord avec la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) entériné par le sommet des Chefs d'Etat de l'organisation, le 04 décembre 2022.

Il nous revient de nous inscrire tous dans ce cadre en édifiant des fondations solides pour les futures générations. Le premier pilier de cette fondation consiste à rédiger et adopter une nouvelle constitution.

La future constitution doit répondre aux aspirations du peuple, traverser le temps et résister aux tentations des hommes. Elle doit aussi avoir la capacité de s'adapter à son environnement, embrasser les grands principes universels tout en préservant notre identité propre. Bref, elle doit demeurer forte.

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Monsieur le Président,

L'enjeu est de taille. C'est pourquoi, nous avons la conviction que les principes et valeurs devant prévaloir dans la réflexion et la rédaction du futur texte constitutionnel seront essentiels pour l'orientation que nous souhaitons donner à notre pays. Dans cette dynamique, une parfaite appropriation par les populations de ces principes et ces valeurs commande la prise en compte de nos cultures ancestrales de solidarité, d'hospitalité, de dialogue sous « l'arbre à palabre » pour un vivre ensemble apaisé et au bénéfice de tous.

Aussi et pour la sauvegarde de la souveraineté de notre pays, il est impératif que nous ayons une constitution qui garantisse notre unité nationale dans notre diversité, qui constitue un rempart à toute tentative de révision à des fins personnelles, égoïstes et prévoit des sanctions à l'encontre des auteurs de tous manquements.

Monsieur le Président,

Vous conviendrez avec nous que l'élaboration des conditions d'éligibilité de nos prochains dirigeants reste une tache des plus importantes de votre magistère car ce sont aussi les hommes qui font des institutions, une force.

Monsieur le Président,

Notre future constitution est une opportunité pour effectivement garantir les droits fondamentaux relatifs à l'instruction, à la santé, à l'habitat, à la sécurité alimentaire pour tous les citoyens guinéens et particulièrement pour les femmes et les personnes vulnérables. Nous tenons, en outre, à attirer votre attention sur les questions liées aux enjeux écologiques, climatiques en général et à la problématique environnementale de nos activités minières. A cet effet, nos textes doivent poser clairement le rôle et les obligations de l'État dans la préservation et la restauration dee l'environnement naturel national. Il y va de la santé de nos populations, de la durabilité de nos richesses et de l'héritage à léguer aux générations futures.

Monsieur le Président,

Il nous apparait urgent que pour permettre le fonctionnement harmonieux et équilibré de nos institutions, les nouveaux textes doivent être plus précis sur leurs natures et leurs domaines de compétences. Dans ce dispositif, l'indépendance et l'impartialité de l'appareil judiciaire doivent être au centre de vos réflexions.

Nous devons être attentifs que dans un contexte de véritable retard socioéconomique de notre pays, l'instauration d'un climat de paix durable devient indispensable. Nous appelons à la vigilance de votre institution pour examiner le juste équilibre entre le droit légitime d'exercice des libertés publiques et la nécessité de préserver la quiétude sociale, les édifices publics ainsi que la sécurité des personnes et leurs biens. Quant à l'animation de la vie politique dans notre pays, on peut s'interroger sur la pertinence de maintenir des conditions favorisant la prolifération des partis politiques. En effet, le paysage politique guinéen gagnerait à mieux légiférer sur les conditions de création des partis politiques afin de vivifier et qualifier le débat politique et améliorer l'offre politique. La question de leur financement et de leur fonctionnement doit être également abordée.

Au titre des élections, le choix à faire entre l'organisation d'un ou plusieurs scrutins en même temps doit prendre en compte un environnement social caractérisé par un faible taux d'instruction du corps électoral d'une part, et les contraintes administratives liées à l'identification des citoyens d'autre part.

En conséquence, le droit à l'éducation pour tous est fondamental tout comme l'accès à l'instruction. Ils doivent être inscrits car l'ignorance est le plus grand frein à l'épanouissement de l'individu et de la société, et une menace pour la nation. Victor Hugo l'a résumé dans ces deux citations, je cite :

« Chaque enfant qu'on enseigne, est un homme qu'on gagne » ; Je veux dire que l'Homme a un tyran, l'ignorance » fin de citations.

La jouissance du droit civique de vote doit être adjointe à la délivrance des documents adéquats pour l'accomplissement du devoir de citoyen. L'obligation de cette délivrance des documents d'identification du citoyen guinéen, y compris celui établi à l'étranger, doit être mentionnée.

Concernant les candidats aux différents scrutins, le principe d'équité doit s'appliquer pour l'accès aux moyens électoraux pour tous les candidats éligibles.

Enfin, il conviendrait que la bonne moralité, la probité et l'esprit républicain des candidats soient attestés.

Monsieur le Président,

L'établissement d'un État en capacité d'accomplir les missions qui lui reviennent figure parmi les objectifs recherchés par l'adoption de notre constitution. Pour y parvenir, il est indispensable de se doter d'une administration publique de qualité au service de tous nos concitoyens. C'est à ce prix que nous fonderons un État fort susceptible d'assurer la sécurité et le bien-être de tous, y compris pour les Guinéens établis à l'étranger, pour lesquels les Autorités de la Transition consentent des efforts inédits pour leur rapatriement lors de crises qui les mettent en situation de détresse.

A ce titre, le fonctionnement de l'Administration publique requiert un suivi et un contrôle renforcé, afin que l'exemplarité, la rédévabilité, la neutralité et la notion de service public s'imposent à l'ensemble des agents de l'État.

Au regard de la politisation de l'appareil administratif par le passé, je voudrais souligner, ici, l'importance d'imposer l'exigence de neutralité à l'Administration publique, censée être non partisane, afin de garantir la quiétude sociale, le développement durable et la crédibilité de l'État.

Monsieur le Président,

Comme toute oeuvre humaine, la future constitution dont nous doterons notre pays sera perfectible mais devra résister aux épreuves du temps, aux défis conjoncturels et surtout aux ambitions personnelles. Chaque mot et chaque ligne qui seront couchés dans le projet de loi fondamentale devront être choisis et adoptés sur la base de leur qualité à renforcer nos principes et valeurs, en particulier, l'unité nationale et la cohésion sociale, la justice et le respect de la dignité humaine, ainsi que la solidarité et l'équité.

L'histoire nous aura révélé que la qualité des dirigeants et des hauts serviteurs de l'État conditionne fortement la gouvernance, le respect et l'application de nos textes. Ces personnalités auront à être exemplaires et redevables afin d'être des références pour notre jeunesse. A ce propos je cite

CONFUCIUS qui a dit : « Soyez vertueux et votre peuple le sera aussi. La vertu d'un dirigeant est comme le vent qui souffle et la vertu d'un peuple comme l'herbe, quand le vent souffle l'herbe se couche dans la direction du vent ».

Au-delà des mots et des pratiques en cours, il faut que l'État institue véritablement les moyens d'exprimer sa reconnaissance à tous ceux, hommes et femmes, qui se seront illustrés dans le sacrifice et le service à la Nation ou par leur contribution à la société. C'est une des recommandations souvent revenue lors des rencontres organisées dans le cadre des Assises nationales et du Cadre de dialogue inclusif inter-guinéen.

D'ailleurs, je vous encourage vivement à tenir compte des différentes recommandations et résolutions issues des Assises nationales et du Cadre de dialogue inclusif», a indiqué Dr Bernard Goumou.

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