Rwanda: Arrestation d'un ex-inspecteur de police rwandais - Fulgence Kayishema rattrapé par son passé

Il était l'un des hommes les plus recherchés par Kigali pour le rôle présumé qu'il a joué lors du génocide des Tutsis en 1994. En cavale depuis près de trois décennies, Fulgence Kayishema, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a été finalement alpagué en Afrique du Sud où il résidait en toute clandestinité.

Conscient qu'il était traqué de toutes parts, l'ex-inspecteur de police utilisait de faux documents et s'appuyait sur un « réseau de soutiens de confiance » pour dissimuler sa présence et son identité. Parmi ses soutiens se comptaient des membres de sa famille, des membres des ex-Forces armées rwandaises et des Forces démocratiques de libération du Rwanda. En fait, qui est Fulgence Kayishema ? Inspecteur de police dans la commune de Kivumu lors du génocide de 1994, il aurait ordonné plusieurs meurtres ou atteintes graves à l'intégrité mentale et physique de la population et cela pendant près de deux semaines.

Et ce n'est pas tout. Car, c'est lui qui avait également ordonné, le 15 avril 1994, la destruction de l'église de Nyange où s'étaient refugiées plus de 2000 personnes. S'il recherchait une épuration ethnique, on peut dire qu'il avait atteint son objectif d'autant qu'à la fin du génocide, il n'y avait aucun Tutsi dans la commune qu'il administrait. De ce qui précède, on retient que Fulgence Kayishema n'est pas un homme à plaindre.

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Fulgence Kayishema constitue un précieux colis pour Kigali

Loin s'en faut ! Il est en train d'être rattrapé par son passé. Ainsi va la vie. Hier tout-puissant, il faisait la pluie et le beau temps au point qu'il s'arrogeait le droit de vie et de mort sur ses compatriotes. Mais le voilà aujourd'hui au creux de la vague, condamné à passer le reste de sa vie en prison au moment où, aux côtés de ses petits-enfants, il devait plutôt être en train de cultiver son jardin potager.

En tout cas, en attendant son extradition par l'Afrique du Sud, Fulgence Kayishema constitue un précieux colis pour Kigali où il devra être jugé en attendant que prenne fin aussi la cavale de trois autres fugitifs. Cela dit, on espère que les autorités rwandaises prendront les dispositions nécessaires pour que l'ex-inspecteur de police, aujourd'hui dans la nasse, bénéficie d'un procès équitable au cours duquel ses droits seront respectés. Il faut surtout éviter de faire dans le règlement de comptes.

Toute chose qui écornerait davantage l'image du Rwanda déjà mal famé en matière de respect des droits humains ; en témoignent les nombreux cas de décès, dans des circonstances très troubles, de prisonniers dans leurs cellules respectives. Pour le reste, il faudra saluer la bonne et franche collaboration qui a prévalu entre Etats et qui a permis de procéder à l'arrestation, les uns après les autres, de grands génocidaires qui, depuis des décennies, couraient toujours les rues.

B.O

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