Sénégal: Festival de Jazz de Saint-Louis 2023 - C'est parti pour cinq jours d'ambiance mélodieuse

La 31ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis a démarré, le jeudi 25 mai 2023, dans une belle ambiance musicale.

SAINT-LOUIS - La cérémonie officielle de lancement de la 31ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis s'est déroulée, jeudi 25 mai en début de soirée, à bord du bateau Bou El Mogdad. L'édition de cette année est «singulière», selon les mots du président du Festival, Me Ibrahima Diop. Il a informé de la présence de 31 artistes venus des quatre coins du monde. Ces derniers vont animer sur la place Baya-Ndar (ex-Place Faidherbe) 13 concerts exceptionnels.

Le Saint-Louis/Jazz de cette année rend hommage à «un Africain né à Brooklyn et qui, durant toute son existence, s'est battu pour la reconnaissance de la civilisation noire, postulat de départ du concert des nations». Il s'agit de Randy Weston. «Nous aurons forcément une pensée profonde pour son guide spirituel Cheikh Anta Diop ainsi que tous ces combattants de cette noble cause sur le plan intellectuel et artistique», a ajouté M. Diop. Selon lui, «sur scène, et pour perpétuer l'esprit, des musiciens éclectiques, partageant cet idéal, ont été réunis pour des concerts qui, à coup sûr, seront mémorables et chargés d'émotion». «Depuis quelques éditions, le plus souvent portées par une équipe indépendante dans un cadre associatif comportant une dose de bénévolat, nous avons brillamment réussi à fidéliser une communauté sans cesse grandissante», a-t-il martelé.

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Aux yeux du président Diop, «l'originalité des découvertes sur le plan esthétique, l'intensité des interactions entre artistes et professionnels, la qualité des rapports entre interprètes et spectateurs, concourent à faire du Festival international de Jazz de Saint-Louis un haut fait légitime, un récit de la ville où nous tous réunis sommes les fiers acteurs d'une histoire commune».

À en croire Driss Benjelloun, Secrétaire général de l'Association Saint-Louis/Jazz, ce rendez-vous culturel est devenu l'un des plus importants festivals d'Afrique, en termes d'image, de notoriété, d'affluence mais aussi de tenue régulière. Il a laissé entendre que ce festival est une manifestation désormais inscrite au Catalogue des plus grands festivals du monde. Depuis la première édition, le Festival a enregistré la participation de plus de 250 musiciens connus à travers le monde tels que Manu Dibango, Abdoullah Ibrahim, Pharoah Sanders, Jerry Gonzales, Youssou Ndour, Gilberto Gil, Liz Mccomb, Wasis Diop, Ali Farka Touré, Richard Bona...

Aussi, depuis 30 ans, a expliqué M. Benjelloun, cet événement de renommée internationale accueille chaque année des milliers de festivaliers, devenant ainsi un rendez-vous musical incontournable pour les jazzophiles africains, européens, américains, asiatiques et sénégalais. Prévue jusqu'au 29 mai, l'édition 2023 regroupe sur la scène «In» de l'ex-Place Faidherbe, Anne Paceo-Quartet, Ismael Lô Band, Claude Diallo-Quartet, Antonio Lizana-Quintet, The Rhythms Continue-Quartet, Cheikh Tidiane Seck-Quintet, Daniel Migliosi-Lux, John Shannon (Usa), Liz Mc Comb (Usa).

Mbagnick Kharachi DIAGNE (Correspondant)

CONCERT D'OUVERTURE

Ismaël Lô en maestro

On se demande bien comment il fait toujours autant bien pour entretenir son charme, ce bon crooner. Le talent, sans doute. Ismaël Lô était en tout cas très attendu par le public, et il n'a pas du tout déçu.

Par Mamadou Oumar KAMARA (Envoyé spécial)

SAINT-LOUIS - C'est en vedette qu'Ismaël Lô s'invite sur la scène de la 31ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis. Le transfuge du Super Diamono et (surnommé) «Bob Dylan sénégalais» est une des belles vedettes de cette année, où un hommage particulier est rendu au jazzman majeur et ami du Sénégal, Randy Weston. Ismaël Lô démarre sans sommation par «Baykat» dans une version épurée, berçante, où sa voix est telle un ourlet de charme. Sa guitare rythmique fait corps avec lui. Il le gratte comme il chante : presque naturellement. Les spectateurs semblent prier sur les notes. À l'exception de quelques émotifs, qui dodelinent de la tête, yeux fermés, le corps ballant furtivement. Le solo synthé rajoute à la religiosité de l'instant, après un pont tout aussi inattendu que génial. L'intro est de superbe augure pour ce public qui réclame musique.

Ensuite, «Diallo Diery». La peinture jazzy garde son cap, tout en insufflant quelquefois petites doses stimulantes à un public qui tient à encore garder la part belle pour l'oreille. On aperçoit bien la petite batterie de tam-tams, mais elle tarde à manifester son diable. Le percussionniste assure bien sa partition rythmique, mais il n'explose pas (encore). Le bassiste s'éclate, lui qui a l'air de s'amuser avec son instrument et alterne avec brio groove et slap.

La version salsa de «Jabaru Bataaxal» embarque quelques réticents, du troisième âge en plus de quinqua et quadra. Le synthé endosse le rôle diabolique, avec une nappe quasi impérieuse qui illumine de sa couleur «Africando». Peut-être un coucou à Ibrahima Sylla «Syllart». Les occupants de la fosse restent encore timorés, mais les flancs sont occupés par quelques spectateurs facilement excités qui ne se privent pas de quelque deux pas en avant, et deux en arrière. Ismaël Lô a d'ailleurs bien pu penser que ce public danseur devait être grossi de nouveaux adhérents. D'autant plus qu'ils sont bien peu dans cette aire soufflée par le vent un peu frisquet de la nuit saint-louisienne.

Union des coeurs

«Manko» est un titre bien indiqué pour monter le ton sans le saturer, et réchauffer l'ambiance. Le percussionniste de tam-tam ne demandait que cela. Ses rythmes avivent des jambes et créent derrière un grabuge alimenté de rigolades enjouées. La scène va aussi avoir un invité peu commun. C'est un monsieur en chapeau et complet mauresque mauve, qui semble donner la dernière danse de sa vie. C'est hilarant, mais ne dépare pas le message principal de Iso Lô qui appuie sur le texte. «Manko» est un hymne à l'union des coeurs et aux hommes politiques pour le bien-être individuel et la cohésion sociale. «La paix est le seul état qui vaille. Pour que les armes se taisent, pour que cette tension sociale se taise. Qu'on le dise ou non, cette pression est très pesante. Prions de la dépasser pour que le peuple s'épanouisse et vive le développement», plaide l'artiste qui l'a dit et non chanté. Il enchaîne aussitôt avec le tube «Jammu Africa», en communion avec un public qui ne lâche plus son enthousiasme.

«Femme sans haine» suit, au grand bonheur des dames dont quelques-unes dans le public y trouvent l'occasion d'égratigner le machisme des hommes. Toutes les occasions sont bonnes à prendre, apparemment. Ce morceau l'est aussi pour introduire l'instrument-fétiche : l'harmonica. Ismaël replonge Saint-Louis Jazz dans certaines vérités de la nuit : sérénité, sensualité, sensibilité, silence, instant sibyllin. Ceci est comme pour préparer le moment attendu par la majorité : «Taajaboon». Les premiers airs de ce hit intemporel suffisent pour une chaude salve. Pour affirmer que c'est «son» instant avec «son» public, Ismaël Lô se retrouve seul sur scène. Enfin. Seul, avec son harmonica et sa guitare. Et même que ces deux-là vont se taire une minute pour magnifier sa seule voix. Voix d'Iso Lô à laquelle font écho celles des spectateurs enjaillés dans une excitation retenue on ne sait par la pudeur de la nuit ou la magie qui fait la mesure de «Tajaaboon». Ismaël Lô bénit décidément d'une superbe grâce le 31ème Saint-Louis Jazz.

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