Libye - un accord pour organiser les élections pourrait-il être conclu cette année ?

Après la tenue de plusieurs réunions en mars et avril à Tunis, Tripoli, Benghazi et Sebha de représentants militaires des diverses régions du pays qui se sont engagés à soutenir toutes les étapes des futures élections, l'espoir semble revenir sur la reprise d'une vie normale en terre libyenne. Les Nations unies y voient « une opportunité historique » de mettre fin à la crise qui déchire la Libye, malgré le fait que deux gouvernements rivaux qui la dirigent se rejettent la responsabilité de quelques attaques et autres assassinats isolés.

Nombreux sont des signes qui prouvent que le temps a sonné pour que les frères ennemis libyens enterrent la hache de guerre que chaque camp brandissait, il y a encore quelques mois, malgré la poursuite des affrontements entre les groupes armés rivaux. Parmi ces signes, des analystes évoquent l'éviction du Premier ministre du gouvernement parallèle de l'Est, Fathi Bachagha. « A quelques semaines d'une échéance en vue d'organiser des élections en Libye, la mise à l'écart de ce chef du gouvernement reflète un début de rapprochement en coulisses entre l'homme fort de cette région et le camp de l'Ouest, reconnu par l'ONU », soutient un observateur qui a requis l'anonymat.

Désigné Premier ministre en mars 2022 par le Parlement siégeant dans l'Est en vue de déloger le gouvernement de Tripoli, Fathi Bachagha a été « suspendu » le 16 mai, après avoir échoué à évincer son rival. Des témoins assurent que sa suspension a été votée lors d'une séance à huis clos du Parlement dans des conditions opaques et en l'absence du président de cette instance, Aguila Saleh.

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En outre, Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye, fait état des démarches entreprises par le camp de l'Est et celui de l'Ouest pour lancer des discussions bilatérales. « Ibrahim Dbeibah, neveu du Premier ministre de Tripoli, et Saddam Haftar, le fils le plus actif du maréchal, sont depuis des mois en pourparlers quasi continuels », explique le chercheur, ajoutant que leur volonté de s'entendre « constitue l'une des raisons de la chute de Bachagha ».

L'analyste politique libyen, Abdallah al-Rayes, fait lui aussi état de « négociations discrètes au Caire » entre les représentants de Haftar et Dbeibah en vue de « former un nouveau gouvernement de coalition » ou un exécutif remanié. Une étape indispensable avant tout éventuel accord pour organiser des élections, selon lui.

Les Libyens pourront surmonter la crise

Tout compte fait, les experts s'accordent à dire que la suspension du chef du gouvernement de l'Est a été décidée un mois avant la mi-juin, échéance fixée par les Nations unies pour amener les rivaux libyens à s'accorder sur une base juridique permettant la tenue fin 2023 d'élections présidentielle et législatives reportées depuis deux ans et censées pacifier le pays. Elle survient surtout sur fond de rapprochement entre les entourages de Khalifa Haftar et Ibrahim Dbeibah, poursuivent-ils.

S'agissant des rencontres que les représentants militaires de toutes les parties ont eues auparavant, elles ont permis aux gouvernements de l'Est et l'Ouest de « rejeter la violence sur tout le territoire et prendre des mesures pratiques pour le retour, dans des conditions sûres, des personnes déplacées ». Ce qui pousse les Nations unies à croire que les Libyens pourraient « surmonter » la crise dans laquelle leur pays est englué depuis 2011 et trouver un accord «d'ici la mi-juin » pour organiser les élections.

« Les rencontres entre les unités militaires et les formations sécuritaires de l'Est, de l'Ouest et du Sud représentent une percée. Ces rencontres portent une grande valeur symbolique sur le chemin vers la réconciliation et l'unification du pays », a déclaré le chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye, tout en souhaitant que cette « nouvelle dynamique nationale soit durable et amplifiée ». Ces dernières semaines, « il y a une nouvelle dynamique en Libye. Des consultations intenses ont lieu entre les acteurs sécuritaires. Les leaders institutionnels et politiques prennent aussi des mesures pour faire avancer le processus politique », a relevé Abdoulaye Bathily. En attendant ce qui pourrait en découler, l'Organisation des Nations unies assure qu'elle poursuivra son travail de médiation afin que toutes les conditions « politiques, légales et sécuritaires » soient remplies pour que les élections puissent se tenir cette année.

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