Tunisie: Commentaire | Les temps changent, certains syndicats non

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L'enseignement et ses enjeux grandissimes ne peuvent plus être laissés au bon vouloir de certains syndicats et d'une poignée de personnes qui ne réalisent plus la gravité de leurs actes. Quiconque compromet, aujourd'hui, le droit des élèves à l'instruction et à l'apprentissage ne peut prétendre discuter de leur avenir.

Faut-il s'habituer, aujourd'hui, à émettre les mêmes constats et les mêmes causes qui marquent et orientent les faits et les actes des syndicats de l'enseignement ? Des faits et des actes qui suscitent l'espoir un jour, et qui s'écroulent le lendemain. Comme quoi, des syndicalistes, et bien entendu pas tous, sont capables du pire plus que du meilleur. Il ne s'agit pas là d'un blâme, mais c'est un fait avéré car les atermoiements du passé n'ont jamais servi de leçon, ou encore de garde-fou à de nouvelles dérives.

Les temps changent, certains syndicats non. On sait que certains syndicalistes sont toujours menacés par le réveil de démons intérieurs, qui peuvent être l'excès, le dépassement des prérogatives et les surenchères. On sait aussi et surtout qu'avoir une bonne base syndicale est une chose, avoir de bons syndicalistes en est une autre.

Pour cette raison, nous osons penser que la Fédération de l'enseignement de base ne se débarrassera certainement pas sans dégâts des dérapages qu'elle ne cesse d'accumuler. Elle n'est pas toujours prête à en finir avec cette incohérence et cet excès dans les négociations avec le ministère de tutelle. Quelque part, elle est condamnée «éternellement» à mettre en cause tout ce qui devrait se concevoir pour l'avenir de nos enfants. Pour l'avenir de toute une génération.

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Il faut dire qu'on assiste de plus en plus au procès de tout le système éducatif avec beaucoup de sous-entendus démagogiques. La Fédération de l'enseignement de base vient d'annoncer qu'elle rejette les propositions du ministère de l'Éducation. Son secrétaire général considère que «les propositions de l'autorité de tutelle sont humiliantes et dégradantes pour les enseignants».

Ainsi qualifiées, les propositions du ministère consistent pourtant en une augmentation de 300 dinars répartie de manière égale sur les années 2026, 2027 et 2028. C'est dire à quel point la Fédération et ses principaux mentors n'ont aucune conscience de la réalité économique et sociale du pays. Dans un contexte aussi délicat, ils oublient l'impératif d'avancer ensemble et tous dans le même sens.

Ils se concentrent sur des actes et des faits inspirés de polémiques. Ils manquent de discernement dans l'appréciation des priorités. Tout cela renvoie une image déplorable qui contribue à fragiliser tout l'édifice de l'instruction. Si autant de dérives paraissent aujourd'hui une exclusivité de certaines parties syndicales, les égarements, mais aussi les enchères, le sont encore davantage. Cela inspire beaucoup d'inquiétude quant à l'avenir de l'enseignement en Tunisie. C'est toute l'institution qui est en danger.

Pourquoi ne pas changer de stratégie ?

Il faut dire que, parallèlement au dérapage syndical, il est regrettable de constater que l'enseignement est au bout du système appliqué à l'éducation de nos enfants. Ça ne marche plus et les conflits entre le ministère et les syndicats sont devenus incommensurablement plus importants que les réformes et les changements à engager.

L'enseignement et ses enjeux grandissimes ne peuvent plus être laissés au vouloir des syndicats et d'une poignée de personnes qui ne réalisent plus la gravité de leurs actes. Quiconque compromet aujourd'hui le droit des élèves à l'instruction et à l'apprentissage ne peut prétendre discuter de leur avenir.

Au fait, chaque action, chaque position les concernant ne peut relever de simples raisonnements. Le temps est aujourd'hui aux réactions et aux réformes les plus conséquentes. La Tunisie dispose d'hommes ayant la plus extrême détermination, se vouant sans répit à leur pays et formatés pour la réussite. Qu'ils soient saisis du dossier de l'enseignement. Qu'ils réfléchissent sur l'avenir de tout le système éducatif qui, au fond, n'est autre que l'avenir de tout le pays.

Pour trouver les solutions adaptées et réhabiliter la crédibilité et l'honneur de l'enseignement, la priorité serait de défricher plus loin et tendre vers une gestion plus efficiente. Les différents intervenants doivent apprendre à ne plus vivre sur le même statut, à se revendiquer en termes de situation et d'histoire toujours ouvertes aux évolutions. Aux innovations. Au progrès.

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