Madagascar: L'aide militaire merina demandée par Zanzibar

La plus ancienne des ambassades malgaches la plus connue est celle envoyée en Afrique orientale en 1833. Elle est constituée par des émissaires de Ranavalona Ire auprès du sultan Syed Saïd Ben (Syyed Saïd Ibn). Son importance semble supérieure à celle de 1837 envoyée en Europe.

« Pour diverses raisons », précise Christian G. Mantaux, archéologue (Bulletin de Madagascar, février 1970). Primo, elle a lieu à la demande du sultan de Zanzibar, dont l'autorité s'étend du sultanat d'Oman aux Comores et après qu'il a envoyé deux représentants successifs dans la Grande ile. Secundo, elle a pour but de répondre de manière négative à une demande d'aide militaire du sultan Syed Saïd Ben à la reine de Madagascar. Tertio, elle ouvre des relations officielles entre deux pays voisins dont les sujets entretiennent, depuis des temps fort anciens, des relations commerciales. Quarto, elle a lieu à un moment où deux des quatre iles de l'archipel des Comores, sont au pouvoir des Malgaches qui ont fui la domination de Ranavalona Ire. En 1833 (1832 selon Sir John Gray dans History of Zanzibar) le sultan de Mascate (Oman) dépêche, en effet, à la Cour d'Antananarivo, un émissaire, Khamisi Ben Athamani.

Il est porteur d'un message verbal et d'une lettre pour la reine malgache au nom de son maitre, le sultan de Zanzibar, qui demande une aide militaire de deux mille soldats pour reprendre Mombasa. Khamisi demande aussi à la reine la main de la princesse Razanakimanjaka- il s'agit de Raketaka, la fille de Radama Ier et de la princesse sakalava Rasalimo- pour Syed Saïd Ben. Il semble que ce dernier espère resserrer ainsi les liens entre la Grande ile et son royaume et, sans doute, obtenir plus facilement des troupes malgaches. Mais Khamisi aurait échoué dans sa mission puisque le sultan envoie un nouvel ambassadeur auprès de la reine malgache. Il s'agit cette fois-ci d'Ifadily qui est porteur d'une nouvelle lettre du sultan en date du 19 adizaoza 1834. Dans cette missive, Syed Saïd Ben remercie la reine de ses cadeaux, mais renouvelle sa demande de troupes.

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Il lui fait également part que les quatre cents mousquets qui lui sont demandés, arriveront avec Abdallah Kader (Bodalakadiry), « son premier envoyé ayant dit que la reine avait accédé à sa demande de soldats ». Mais comme lors de la première mission, Ranavalona Ire refuse d'envoyer les soldats demandés par le sultan. « La reine a certainement peur de Ramanetaka. » Il est évident que la fuite de ce prince malgache à l'ile de Mohéli, qui est une « possession théorique » de Syed Saïd Ben, n'est pas faite pour rassurer Ranavalona.

Selon Christian Mantaux G. la souveraine craint que le sultan et Ramanetaka ne soient alliés- alors qu'en réalité, ils sont ennemis-, qu'en définitive, elle ne fasse les frais de sa générosité et que les soldats demandés par le sultan ne reviennent avec l'ancien bras droit de Radama Ier et la chassent du trône d'Imerina. Cette incompréhension entre les deux souverains amène Ranavalona à envoyer une ambassade malgache qui accompagne Ifadily. Celle-ci compte cinq membres, à savoir les 9 honneurs Ramiaramanana et Rahaingomanana, officiers du Palais ; le 9 honneurs Ramaharo, le 8 honneurs Ramanamalako ; et le 7 honneurs borozano (civil) interprète. « Choix judicieux car ils sont formés à la navigation. » Le 10 alakarabo 1834 (13 septembre 1833), ils arrivent à Mahajanga où les attend Ifadily. Ce dernier, contrairement à Khamisi, n'est pas autorisé à monter en Imerina. Dans un rapport du 17 alohotsy 1834 (21 janvier 1834), l'ambassade rend compte à la souveraine du déroulement de sa mission. Son itinéraire passe par Angaziza (Grande-Comore), leur première escale. Comme elle salue cette ile et son sultan par cinq coups de canon, la panique s'empare de la population qui croit à une attaque des hommes de Ramanetaka.

D'autant que le gouverneur de Zanzibar, Syed Seliman Ben Ahmed, leur fait dire que le sultan est absent. La crainte de la population s'efface très vite et les ambassadeurs malgaches sont invités à rester à Moroni pendant trois jours pour une entrevue officielle avec le sultan. Celui-ci leur remettra une lettre pour Ranavalona Ire. L'ambassade quitte alors Angaziza pour arriver le 10 alakaosy (13 octobre 1833) à Zanzibar, où son navire mouille en début de soirée. Le jour suivant, un haut dignitaire vient les chercher en chaloupe pour mettre au point la cérémonie officielle du lendemain, avec le gouverneur de Zanzibar.

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