Tchad: Les avocats du banquier Ismaël Ngakoutou dénoncent son «enlèvement» par les autorités

Au Tchad, cela fait deux mois et demi que l'ancien directeur général adjoint de la Commercial Bank Tchad, le Franco-Tchadien Ismaël Ngakoutou, est détenu dans un lieu secret. Il est également sans accès à sa famille ni à ses avocats, qui accusent l'Agence nationale de sécurité de l'État (Ansé) de l'avoir « enlevé » le 10 juillet dernier, alors qu'il s'apprêtait à embarquer dans un vol pour Paris. L'un de ses avocats, Me Dominique Tricaud, a fait le déplacement à Ndjamena pour rencontrer les autorités judiciaires et tenir un point de presse.

Depuis son interpellation, les avocats d'Ismaël Ngakouto - de nationalité franco-tchadienne - s'activent pour obtenir sa libération. Ils ont notamment déposé une plainte en France contre le général Lony, directeur des renseignements tchadiens, puis en saisissant le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire.

« Il faut que les ravisseurs sachent qu'un certain nombre de mandats d'arrêt internationaux sont susceptibles d'avoir été délivrés et qu'il devient pour eux extrêmement dangereux de quitter le Tchad », a déclaré Me Dominique Tricaud.

Le procureur de la République a déclaré qu'Ismaël Ngakoutou est « à la disposition de la justice » mais il n'a toujours pas réapparu et l'on ne sait toujours pas ce qui lui est reproché.

Si des rumeurs font état d'un présumé détournement de fonds, Me Dominique Tricaud estime que l'affaire est politique : « La seule question que l'on se pose aujourd'hui, c'est si cette mise au secret a pour objectif de le forcer à faire des déclarations qu'il ne souhaite pas faire ou est-ce que c'est au contraire pour l'empêcher de révéler des informations dont il dispose. Donc il n'y a pas de dossier. Cette détention à un objectif qui est purement politique et il faut que le président de la République comprenne que ce n'est pas dans les caves de l'Ansé qu'on règle le débat politique. »

Dans un récent rapport, l'Organisation mondiale contre la torture accuse également l'Ansé d'être à l'origine des « arrestations et des détentions hors procédures » qui se multiplient ses derniers mois.

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