Au Mozambique, de nombreuses villes sont paralysées après plusieurs jours de manifestations pour contester le résultat de l'élection présidentielle et qui ont fait plus de 120 morts, selon une ONG. Dans la capitale, Maputo, la situation semble un peu plus calme, mais la peur a envahi les habitants et certains fuient le pays.
Des barricades, des incendies, des rues paralysées, la police et l'armée : la capitale Maputo, et d'autres grandes villes du pays, sont comme figées en cette fin d'année. Alors, entre la violence des manifestations et celle de la répression, la peur s'installe chez les habitants, et les rues se vident. La plupart des magasins ont baissé le rideau dès lundi pour se protéger. L'essence, la nourriture ou encore les médicaments commencent à manquer.
Certains décident donc de quitter le pays. Plus de 2000 familles ont déjà passé la frontière ouest pour rejoindre le Malawi. Et pour ceux qui restent, ils vivent la boule au ventre. Certains veillent toute la nuit. Parce qu'ils entendent parler de pillages, ou d'hommes armés dans les rues. Mais aussi parce que la police mozambicaine communique beaucoup sur l'évasion spectaculaire de prisonnier qualifié de « criminels dangereux ».
Deux versions s'affrontent
Des Mozambicains témoignent d'un climat d'angoisse permanent, où il devient difficile de différencier les vraies menaces des rumeurs, car deux versions s'affrontent. Celle du président élu Daniel Chapo et des autorités du pays, qui condamnent la violence de manifestants dangereux. De l'autre, celle de l'opposition, qui dénoncent des manipulations du parti au pouvoir, le Frelimo, qui alimenterait les peurs pour justifier sa répression et éteindre la colère du peuple.
En début de semaine, le Conseil constitutionnel a confirmé la victoire de Daniel Chapo, le candidat du Frelimo, parti au pouvoir depuis 1975. Il remporte 65,17 % des voix, un score raboté de près de cinq points, par rapport à celui qui avait été annoncé initialement par la commission électorale. L'opposant Venâncio Mondlane enregistre quant à lui 24,19 % des voix. Il se trouve à l'étranger, craignant pour sa sécurité et continue d'affirmer sa victoire et sa détermination à poursuivre la contestation.