La Commission économique pour l'Afrique (CEA) publie aujourd'hui une étude inédite sur l'intégration de l'Afrique. Ce rapport, intitulé État de l'intégration régionale en Afrique, présente une évaluation complète du processus d'intégration en Afrique, avec ses succès et ses échecs. Il explique notamment pourquoi le niveau des échanges intracommunautaires reste bas et en quoi l'intégration régionale a été retardée par des infrastructures insuffisantes et des politiques de convergence macroéconomiques inadaptées.
Le secteur des transports est un exemple frappant: expédier un véhicule du Japon à Abidjan, Côte d'Ivoire, revient à 1 500 dollars des États-Unis, tandis que l'expédition d'une voiture d'Addis-Abeba à Abidjan revient, elle, à près de 5 000 dollars des États-Unis. Le rapport se penche également sur la manière de renforcer les Communautés économiques régionales (CER) afin qu'elles puissent servir de piliers à la nouvelle Union africaine (UA).
Cette étude révèle que les progrès enregistrés dans un certain nombre de domaines, restent, dans l'ensemble, insuffisants pour atteindre les objectifs fixés par les dirigeants africains. Elle fait des recommandations concernant l'accélération du processus d'intégration, notamment sur la nécessité de doter l'UA et les CER de davantage de ressources humaines et financières, et de leur conférer des pouvoirs supranationaux leur permettant de faire respecter les obligations conventionnelles. Les recommandations portent sur les dispositions institutionnelles mais aussi sur des problèmes concrets.
Le rapport se compose de deux parties: la première présente l'intégration comme une nécessité pour la transformation des économies africaines et l'accélération de la croissance. Cette démonstration se base sur des arguments aussi bien économiques que politiques. Les défis institutionnels à relever sur la voie de l'intégration sont identifiés, ainsi que les domaines dans lesquels une action prioritaire est nécessaire pour que l'Union africaine réussisse à accélérer l'intégration de l'Afrique. Le rapport recommande ainsi de renforcer les CER afin qu'elles deviennent les centres nerveux de l'Union africaine. Il préconise également l'élaboration de normes, politiques, règles et régulations efficaces en faveur du marché, aux niveaux régional et sous-régional, pour permettre l'intégration des marchés, des infrastructures et des institutions.
La deuxième partie de cette étude évalue les efforts entrepris en vue de l'intégration dans les domaines du commerce, des questions monétaires et financières, des infrastructures, de la production, des ressources naturelles et des ressources humaines. Le rapport se penche également sur les questions intersectorielles de la paix et la sécurité, le VIH/sida et l'égalité entre les sexes. Chaque chapitre comprend une section sur «la voie à suivre» pour accélérer les progrès dans chaque domaine précis.
État de l'intégration régionale en Afrique est le premier d'une série de rapports sur l'intégration régionale en Afrique. La deuxième édition du rapport paraîtra au printemps de l'année 2005.