Present à la 38e session ordinaire du sommet de l'Union africaine (UA), tenue les 15 et 16 février, le Premier ministre (PM), Navin Ramgoolam (photo), a pris la parole samedi, exprimant tout d'abord sa satisfaction d'assister à ce sommet après une absence de dix ans.
Il a remercié le gouvernement et le peuple éthiopien pour leur accueil chaleureux et a félicité le président nouvellement élu président de la Commission de l'UA, Mahamoud Ali Youssouf, lui assurant son soutien. Il a rendu hommage au défunt président namibien, Sam Nujoma, pour son rôle historique dans la libération de la Namibie.
Navin Ramgoolam a exprimé sa gratitude envers l'UA pour l'envoi d'une mission d'observation électorale lors des législatives du 10 novembre 2024, menée par la Dr Mujuru, ex-vice présidente du Zimbabwe, et constituée de 50 observateurs, qui a formulé des recommandations visant à renforcer davantage la gouvernance démocratique et à améliorer le processus électoral. Soulignant que le gouvernement mauricien examinait ces recommandations avec la plus grande attention, il a mis en avant la nécessité de consolider les institutions démocratiques, y compris les mécanismes d'organisation des élections dans une société moderne.
Il a présenté le nouveau programme gouvernemental pour la période 2025-2029 sous le thème Un Pont vers l'Avenir, qui a pour priorité d'agir durablement autour de trois piliers : People, Planet and Prosperity. «This mirrors in many ways what we, African leaders have subscribed to in Agenda 2063 in terms of inclusive and sustainable development for our people and for a rapid transformation of our societies», a-t-il dit. Selon lui, le thème de 2025, Justice for Africans and People of African descent through Reparations, est particulièrement pertinent et opportun car, en effet, il reste une dernière colonie en Afrique : l'archipel des Chagos, qui a été séparé de Maurice avant son indépendance, en totale violation des résolutions 1514 et 2066 de l'Organisation des Nations unies. «Restoring the sovereignty and territorial integrity of the Republic of Mauritius is a major priority for my government. The struggle for our sovereignty over the Chagos Archipelago has been a relentless battle since our independence», a dit Navin Ramgoolam, remerciant l'UA pour son soutien indéfectible sur cette question. Enfin, il a souligné l'importance de discussions approfondies sur la justice et les réparations pour les injustices historiques en Afrique.
Dans une autre allocation, cette fois sur le thème de l'UA de cette année, Justice for Africans and People of African Descent Through Reparations, Navin Ramgoolam a déclaré que nous ne pouvions pas «just archive important periods of African history», car reconnaître les torts du passé et prendre des mesures réparatrices sont essentiels pour guérir notre continent.
Mettant en avant le fait que l'esclavage a constitué une cicatrice majeure pour le continent africain et Maurice, le PM a expliqué qu'une fois libérés, les esclaves, leurs descendants et les travailleurs engagés avaient travaillé pour construire ce qui est devenu l'île Maurice moderne. Cependant, selon lui, cela ne doit pas exonérer ceux qui ont introduit ces systèmes, à des fins économiques, de leurs responsabilités. Ainsi, lorsque Maurice a accédé à l'indépendance en 1968, le pays a dû faire face aux injustices héritées et à une société biaisée en faveur des élites économiques - «a legacy of our colonialism».
Navin Ramgoolam a évoqué la Commission vérité et justice qu'il avait mise en place en 2009, inspirée de Nelson Mandela, pour enquêter sur l'expropriation des terres et proposer des mesures pour les descendants d'esclaves. Parmi les recommandations, la création d'une Land Research Unit et d'une Land Division à la Cour suprême, ainsi que l'inscription du Morne sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO. Il a aussi rappelé les mesures en faveur des Chagossiens expulsés et de leurs descendants via le Chagossian Welfare Fund et a salué le travail d'Olivier Bancoult, membre de la délégation mauricienne à ce sommet et porte-parole de la communauté chagossienne.