Le deuxième Sommet mondial sur la médecine traditionnelle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est ouvert le 17 décembre à New Delhi, en Inde. Organisé conjointement avec le gouvernement indien, l’événement réunit des ministres, des scientifiques, des dirigeants autochtones et des praticiens issus de plus de 100 pays.
Selon l’OMS, ce sommet marque une étape clé dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de médecine traditionnelle 2025–2034. Celle-ci vise à renforcer les bases scientifiques de la médecine traditionnelle, améliorer les cadres réglementaires, favoriser l’intégration des systèmes de santé, encourager la collaboration et renforcer l’engagement des communautés.
Une pratique de santé largement utilisée dans le monde
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La médecine traditionnelle englobe un ensemble de systèmes de soins, codifiés ou non, antérieurs à la biomédecine moderne et qui ont continué à évoluer pour répondre aux besoins contemporains. Pour une part importante de la population mondiale, elle demeure une source essentielle de soins de santé, souvent accessible localement, abordable et en adéquation avec les pratiques culturelles.
D’après l’OMS, près de 90 % de ses États membres, soit 170 pays sur 194, indiquent que 40 à 90 % de leur population recourent à la médecine traditionnelle.
Concilier savoirs ancestraux et science moderne
Le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné l’importance de concilier les savoirs traditionnels avec les avancées scientifiques et technologiques modernes. Il a rappelé l’engagement de l’organisation à promouvoir une utilisation responsable, éthique et équitable de la médecine traditionnelle.
L’OMS met notamment en avant le potentiel de l’innovation, allant de l’intelligence artificielle à la génomique, pour développer des solutions de santé plus sûres, plus intelligentes et plus durables.
Enjeux économiques, environnementaux et autochtones
La médecine traditionnelle soutient des secteurs économiques mondiaux en forte croissance, notamment les industries liées aux plantes médicinales. Toutes les formulations de médecine traditionnelle, ainsi qu’une part importante des produits biomédicaux, reposent sur des ressources naturelles.
Les peuples autochtones, qui représentent environ 6 % de la population mondiale, contribuent à la protection de près de 40 % de la biodiversité mondiale. L’OMS souligne que le développement de la médecine traditionnelle doit impérativement intégrer les droits des peuples autochtones, les principes du commerce équitable et les mécanismes de partage des bénéfices.
Un financement de la recherche encore très limité
Malgré son usage généralisé, la médecine traditionnelle demeure marginale dans le financement mondial de la recherche en santé. Moins de 1 % des fonds mondiaux de recherche en santé y sont actuellement consacrés.
Afin de combler ces lacunes, l’OMS a annoncé le lancement de la Traditional Medicine Global Library, une bibliothèque mondiale dédiée à la médecine traditionnelle. Cette plateforme regroupe plus de 1,6 million de documents scientifiques couvrant la recherche, les politiques publiques, les cadres réglementaires et diverses applications de la médecine traditionnelle.
Une bibliothèque mondiale pour un accès équitable au savoir
Développée en réponse aux appels formulés par des chefs d’État lors des sommets du G20 et des BRICS en 2023, la bibliothèque vise à garantir un accès équitable aux connaissances scientifiques, en particulier pour les institutions des pays à faible revenu grâce à l’initiative Research4Life.
Elle a également pour objectif d’aider les pays à documenter leurs pratiques de médecine traditionnelle, à protéger la propriété intellectuelle associée et à renforcer les capacités scientifiques nécessaires pour stimuler l’innovation.
Vers de nouveaux engagements internationaux
Pour le Dr Shyama Kuruvilla, directrice par intérim du Centre mondial de médecine traditionnelle de l’OMS, faire progresser la médecine traditionnelle constitue un impératif éthique, environnemental et fondé sur des preuves.
Le Sommet mondial, qui se tient du 17 au 19 décembre 2025 à New Delhi, devrait aboutir à de nouveaux engagements de la part des gouvernements et d’autres parties prenantes, ainsi qu’à un appel à la création d’un consortium mondial visant à combler les lacunes systémiques et à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de médecine traditionnelle de l’OMS.
