Afrique de l'Ouest: Mali-Guinée-Burkina - Les transitions durent, le ton monte

De la gauche vers la droite, les présidents de transition au Mali, en Guinée et au Burkina Faso

Les relations sont de plus en plus tendues dans ces pays entre les militaires au pouvoir et la classe politique qui demande l'organisation d'élections.

Au Mali, la liste des personnalités arrêtées pour avoir dénoncé la gestion de la transition militaire est longue.

L'activiste et artiste Ras Bath est en prison depuis plus d'un an. Egalement derrière les barreaux : Adama Ben Diarra, alias Ben le cerveau, la blogueuse Rokia Doumbia, ou encore l'économiste Etienne Fakaba. Oumar Mariko, le président du parti politique le Sadi a, lui, préféré s'exiler, tout comme l'influent imam Mahmoud Dicko.

Les militaires ne veulent pas qu'on leur rappelle qu'ils s'étaient engagés à organiser des élections en février 2024 et qu'il est temps que la transition prenne fin.

"Nous n'avons pas soutenu le coup d'Etat en 2020. Nous l'avons condamné. On a décidé tous de sortir rapidement de cette situation. Ce qui est reproché aux autorités actuelles c'est qu'on n'a pas de visibilité. Une transition ne peut pas se prolonger indéfiniment", estime Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yelema.

Le 10 avril dernier, les militaires ont annoncé la suspension des activités des partis politiques qui leur rappelaient que la transition a pris fin le 26 mars 2024.

La peur de la répression

En Guinée, où le fraîchement promu général Mamadi Doumouya a pris le pouvoir après avoir renversé le président Alpha Condé, en septembre 2021, la fronde est également grande, en dépit de la nomination, en février dernier, d'un nouveau Premier ministre, Bah Oury, une des grandes figures de l'opposition.

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L'opposition demande l'organisation des élections avant le 31 décembre prochain. Faute de quoi, elle affirme qu'elle ne reconnaitra plus le pouvoir militaire.

Au Burkina Faso, la fronde est moindre, mais cela s'explique par la peur de la répression, car les voix discordantes ne sont pas tolérées. Des hommes politiques et des acteurs de la société civile ont été réquisitionnés et envoyés au front pour combattre les djihadistes.

"Il faut se dire que nous sommes dans un régime militaire. Le régime militaire, c'est avant tout la caserne. Ce n'est pas un régime démocratique. Aujourd'hui, chacun se méfie et ne rend pas la parole comme il le veut", explique Guy Olivier Ouédraogo, secrétaire de la Confédération syndicale du Burkina.

Les raisons de la grogne

Pourquoi le fossé se creuse-t-il entre les militaires et la classe politique dans les différents pays en transition ?

"La lecture que nous faisons est que les militaires sont dans une logique de conservation du pouvoir et c'est cela qui peut amener à une certaine division", dit Guy Olivier Ouédraogo de la Confédération syndicale du Burkina.

Le syndicaliste burkinabè dit ne pas croire à court terme, à l'organisation des élections dans son pays.

La Cédéao impuissante

Et face à ces transitions militaires qui perdurent, la Cédéao se montre impuissante et se fait de plus en plus discrète. Après avoir menacé d'intervenir au Niger, autre pays sous transition militaire, elle est revenue sur sa décision. Elle a même levé le blocus économique qui touchait le pays.

Il est temps d'en finir avec ces transitions pour s'attaquer aux problèmes sociaux, estime ainsi Hamidou Doumbia, du parti Yelema.

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