Le 26 juillet 2023, le pouvoir du général Adourahamane Tiani s’installe à Niamey après le coup d’État qui a renversé le président élu Mohamed Bahzoum.
Presque un mois plus tard, l’homme fort de Niamey annonçait, le 19 août 2023, la tenue d’un « dialogue national inclusif » auquel quatre priorités seraient assignées, notamment la définition des principes fondamentaux devant régir la transition et la détermination de la période de transition d’une part, et d’autre part, les priorités nationales durant la transition et les valeurs fondamentales qui doivent guider la refondation de la République.
Dix-huit mois après cette annonce, s’ouvrent ce 15 février 2025 les Assises nationales pour la refondation de la Nation (ANRN) sous la présidence du général de brigade Adourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP).
Le glissement sémantique (on passe du dialogue national inclusif aux Assises pour la refondation de la nation) revêt tout son sens, au regard de l’aréopage qui compose ces assises, et dans lequel on notait la présence d’anciens chefs d’État, du Niger d’anciens premiers ministres et ministres, des présidents d’institutions, des dignitaires, de la diaspora et de la société civile ; bref, 700 personnes réunies au centre de conférence Mahatma Gandhi de Niamey, avec une présence notoire des délégations venues du Burkina Faso et du Mali.
La particularité de ces assises qui mérite d’être signalée est que les délégations venues des pays membres de l’AES comprenaient à la fois des officiels et des experts.
Il faut le rappeler que le Mali et le Burkina Faso ont respectivement à tenir leurs assises nationales en décembre 2021 et au mois de mai 2024 pour à peu près les mêmes objectifs, notamment la prorogation du mandat de la transition et de son chef, et engager des réformes institutionnelles d’une part, et d’autre part, s’accorder sur les perspectives économiques, sociales et bien sûr politiques.
De là à y voir une volonté de partager une expérience et une expertise en la matière entre les trois entités de l’AES, il n’y a qu’un pas à franchir tant les similitudes sont grandes, et en plus évidentes.
En lançant ainsi ces Assises nationales, le gouvernement du Général Tiani ne perd aucunement de vue le « bon timing » qui lui permet aujourd’hui de faire les ajustements nécessaires vis-à-vis de ses alliés (de l’AES) dans la séquence actuelle où l’on met en place les instruments juridiques de l’AES, à savoir, le traité, les documents de voyages, les forces armées communes, etc.
Un changement de régime ne garantirait nullement la poursuite du processus au sein de l’AES et la consolidation de la « future » organisation sous-régionale. C’est dire que la présence des experts et officiels venus des pays alliés n’est pas une simple commodité protocolaire. C’est plus que cela. On est dans la mise en cohérence des stratégies qui devrait, à terme, consolider les délais de transitions et permettre aux régimes en place de se stabiliser et, qui sait, de se muer en régimes civils au terme de la transition, pour faire « bonne figure ».
En déclarant à l’ouverture des Assises que celles-ci devraient être « un moment d’échange constructif qui va fédérer tous les nigériens pour l’atteinte de nos objectifs d’unité nationale, de cohésion sociale, de justice sociale, de paix, de sécurité et de progrès économique » le Président du CNSP dresse ainsi les grandes priorités de l’agenda des travaux des Assises sur les traces du dialogue national inclusif annoncé dès la prise du pouvoir, et à l’instar de ceux du Mali et du Burkina.
Il reste entendu que les conclusions qui sortiront des Assises, avec leur chronogramme, conduiront nécessairement à une prolongation, cette fois-ci officielle, de la durée de la transition, qui, cette fois, espérons-le, ne sera pas suspendue au règlement de la question sécuritaire.