Guinée Bissau: L'agenda de la transition en question ?

17 Décembre 2025
analyse

La junte militaire au pouvoir en Guinée-Bissau, à la suite du coup d’État militaire du 26 novembre 2025, n’a pas perdu de temps pour asseoir son autorité. C’est le moins qu’on puisse dire.

Le Général Horta N’Tam, qui en est à sa tête, a en effet, aussitôt prêté serment le lendemain, puis mis en place laborieusement du reste, son gouvernement, et dans la foulée a élaboré une dizaine de jours après, une charte de la transition pour une durée d’un an.

Le hic est que cette démarche laisse apparaitre les mêmes postures que l’on a vues ailleurs, et qui naguère ont été très vite démenties par les faits au niveau des différents régimes militaires, avec qui la Guinée-Bissau partage le même espace (Guinée, Burkina, Mali, Niger), et de ce point de vue, est assimilable à un regrettable mimétisme.

L’expérience qu’a tirée la CEDEAO dans des cas similaires de coup d’État n’a sans doute pas été utile pour ce cas-ci.   On a reproduit les vieilles méthodes de condamnations et de suspension des instances, auxquelles la junte en place a opposé une charte de la Transition, avec un calendrier à dérouler sur un an pour un retour à l’ordre constitutionnel.

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Par conséquent, la poursuite du processus électoral, qui normalement était à son terme, car on attendait la proclamation des résultats du double scrutin, qui, faut-il le rappeler, s’est vu opposer une fin de non-recevoir par la commission électorale, qui d’une part, avoue n’avoir pas réuni la totalité des PV des bureaux de vote, et d’autre part, le saccage du siège de la commission électorale par des militaires déclarés appartenant au camp du président sortant, a ruiné tout espoir de délibérer et proclamer les résultats des scrutins.

L’exigence posée au départ par la CEDEAO en faveur de la poursuite du processus électoral n’a donc aucune chance d’aboutir pour les raisons évoquées ci-dessus. En revanche, la reprise du processus de manière inclusive dans les délais proposés par la junte (1 an) laisse perplexes beaucoup d’observateurs, malgré les gages donnés par la junte en place sur un retour à un régime civil.

C’est dans ce sens que la Charte de la transition, qui doit être adoptée prochainement par le Conseil national de Transition (CNT), c’est-à-dire le parlement de la transition, le Général/Président de la Transition et son premier ministre ne pourront pas être candidats à la présidentielle et aux législatives. En Guinée un cas identique s’est produit et pourtant !

Nul doute, qu’on s’achemine vers une réforme constitutionnelle, si l’on en juge par les annonces faites par le pouvoir militaire en place, qui d’ailleurs a déjà tourné la page des élections de novembre. La CEDEAO d’ailleurs, malgré la sanction qu’elle a infligée au pays, avec sa suspension de ses instances, et celles envisagées vis-à-vis des dirigeants de l’actuel régime, qui pourraient entraver le processus de retour à l’ordre institutionnel, restent toutefois dans une situation assez complexe.

En effet, même si les structures de la transition sont en place, à savoir : le Gouvernement, le CNT et la future Commission Nationale Electorale, rien ne garantit aujourd’hui la tenue dans un an du double scrutin, condition sine qua non au retour de la Guinée-Bissau dans l’enceinte de la CEDEAO.

Le sommet des chefs d’État de ce 14 novembre à Abuja indiquera certainement la feuille de route de la transition, après avoir examiné le rapport de la délégation de haut niveau conduite par son président en exercice le Sierra-Léonais Julius Maada Bio, mais également les propositions de chronogramme du régime de la transition.

On en saura un peu plus après sur la volonté de la junte de sortir de cette crise, et celle de la CEDEAO de veiller à la consolidation de ce qui semble être une nouvelle doctrine de la gouvernance démocratique.

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