35 millions, c'est le nombre total de déplacés interne en Afrique. C'est trois fois plus qu'il y a 15 ans selon l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC). Les raisons sont connues : la guerre d'une part, les catastrophes naturelles de l'autre. Le problème, c'est que les deux s'entremêlent parfois.
Au-delà du nombre total de déplacés, ce qu'il faut comprendre du dernier rapport de l'IDMC, c'est qu'on ne réglera pas la question du déplacement tant que les crises se superposent les unes aux autres. On le voit en RDC. On le voit aussi désormais au Soudan, qui a enchaîné la guerre au Darfour avec la guerre entre généraux qu'on connaît aujourd'hui.
« Cette réémergence de conflit que l'on voit dans des pays comme la Somalie, le Nigeria, l'Éthiopie, etc. vient s'ajouter à des conflits qui avaient causé des déplacements il y a déjà des années, pour certains il y a une vingtaine d'années, et où les personnes n'avaient pas trouvé de solution à leur situation, pointe Alexandra Bilak est la directrice de l'IDMC. Donc cela crée une augmentation du nombre total de personnes déplacées. »
Cinq pays concentrent à eux seuls 80 % des déplacés liés aux violences : le Soudan, la RDC, la Somalie, le Nigeria et l'Éthiopie. Mais tous ces pays subissent aussi des catastrophes qui poussent les populations à fuir. Très souvent, ce sont des inondations : « Ce sont des catastrophes soudaines et à grande échelle. Tandis que les sécheresses sont des catastrophes plus étalées dans le temps, donc on a beaucoup plus de mal à quantifier le déplacement lié aux sécheresses », explique Alexandra Bilak.
Si empêcher le déplacement interne semble illusoire, il est toujours possible de mieux le gérer. Notamment en arrêtant de le traiter comme une question purement humanitaire. Mais aussi comme un aspect du développement durable.