Afrique: Les pays qui abritent toujours l'armée française

Plus de soixante ans après les indépendances africaines, la France a conservé une influence militaire sur son précarré.

Héritée de l'ère coloniale, cette présence s'est manifestée à travers des bases militaires, des accords de défense et une coopération stratégique. Paris, souvent qualifiée de « gendarme de l'Afrique », a maintenu un rôle central dans les affaires sécuritaires du continent. Cette stratégie, largement critiquée pour son caractère néocolonial, a permis à la France de préserver ses intérêts économiques et géopolitiques. Aujourd'hui, cette influence est mise à mal par des bouleversements politiques et par la montée en puissance d'acteurs étrangers qui redéfinissent l'équilibre des forces sur le continent.

A la quête d'autonomie

Des pays historiquement proches de la France, comme le Sénégal et le Tchad, viennent d'afficher officiellement leur volonté de prendre leurs distances sur le plan militaire. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé la fermeture des bases militaires françaises, marquant une rupture historique dans les relations bilatérales.

De son côté, le gouvernement tchadien a mis un terme aux accords de défense qui le liaient à Paris. Des décisions traduisent une volonté croissante de ces nations de reconquérir leur souveraineté militaire, tout en affirmant leur indépendance face à une tutelle jugée encombrante. Ce tournant témoigne de l'érosion progressive de l'influence militaire française en Afrique et redéfinit les contours des partenariats sécuritaires.

Le cas singulier de Djibouti et les autres points d'ancrage

Malgré ce vent de changement, Djibouti, situé vers l'océan Indien, reste un pilier essentiel pour la présence militaire française sur le continent. Avec environ 1 500 soldats stationnés dans ce pays stratégique de la Corne de l'Afrique, la France maintient une base opérationnelle clé qui lui permet de surveiller des zones sensibles ( mer Rouge, golfe d'Aden). La Côte d'Ivoire, accueille environ 600 militaires français sur son territoire.

Ce pays, qui abrite le poste de commandement des forces françaises en Afrique de l'Ouest, joue un rôle central dans les opérations logistiques et sécuritaires de Paris. Le Gabon conserve également une présence militaire française significative avec près de 350 soldats stationnés. Ces trois nations représentent aujourd'hui les principaux points d'ancrage de l'armée française en Afrique, alors que Paris s'efforce de sa stratégie militaire.

Le recul de la France au Sahel

Le retrait des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger incarne la fin d'une époque. Ces pays, autrefois au coeur de la lutte antiterroriste menée par la France, ont progressivement coupé les ponts avec leur ancien partenaire militaire. L'opération Barkhane, qui mobilisait jusqu'à 2400 soldats pour combattre les groupes djihadistes, a été officiellement terminée en 2022. Parallèlement, la force spéciale Sabre, déployée au Burkina Faso, a également été démantelée. Ces retraits marquent un tournant historique dans les relations franco-africaines et imposent à Paris de réinventer sa politique de défense en Afrique.

Une concurrence étrangère croissante

Le recul de la France au Sahel s'inscrit dans un contexte où de nouvelles puissances renforcent leur influence en Afrique. Des acteurs comme la Russie, via le groupe Wagner ou Africa Corps, la Chine ou la Turquie, par le biais de partenariats économiques et militaires, gagnent du terrain. Ces changements redéfinissent l'équilibre géopolitique du continent, autrefois dominé par l'hégémonie française. Pour la France, la reconquête de sa légitimité passe désormais par des partenariats égalitaires et une approche respectueuse des aspirations africaines.

Un avenir incertain pour la présence militaire française

La présence de l'armée française en Afrique est à un tournant décisif. Alors que des pays clés revendiquent leur autonomie et que de nouveaux acteurs s'imposent, la France doit repenser sa stratégie. L'enjeu est double : préserver ses intérêts stratégiques tout en respectant les aspirations de souveraineté des États africains.

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