Afrique: Le continent doit s'approprier les Brics+ pour sortir de son sommeil

Trois conférenciers congolais ont animé, le 20 décembre, à Brazzaville une conférence-débat au cours de laquelle ils ont développé la thématique Brics : « Enjeux et perspectives de son élargissement ».

Le public a suivi une conférence-débat marquant la fin de la présidence de la Russie des Brics+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud et autres pays) organisée par la Maison russe de Brazzaville dont le témoin sera transmis au Brésil.

Les Brics+ sont un instrument de libération des Etats africains de la captivité des Occidentaux. Hier, ils étaient sous l'emprise de la puissance occidentale mais, avec l'arrivée des Brics, ces Etats retrouvent petit à petit l'espoir perdu. Certains connaissent déjà un développement remarquable, d'autres par contre sont en voie de développement.

A cet effet, les trois panélistes ont éclairé tour à tour l'assistance sur l'appui et la vision des Brics sur les Etats africains. La vision des Brics est de libérer l'Afrique du joug colonial. A ce titre, les Brics deviennent une arme que les pays africains devraient utiliser pour sortir du calvaire et aller vers la liberté. Les Africains devraient s'approprier de ces armes pour qu'ils se développent et proclament réellement leur liberté.

Le premier intervenant, le Dr Ernest Tchiloemba Tchitembo, dans sa communication, a épinglé trois sous-titres qu'il a développés parmi lesquels : « Les Brics et les Etats africains : unis dans la construction d'un monde multipolaire plus juste et plus égalitaire ». Il a invité le public à un regard rétrospectif sur l'évolution du monde depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui coïncide, selon lui, avec la création d'un nouvel ordre mondial en cours. Le Dr Ernest Tchiloemba Tchitembo a également parlé de l'intérêt aujourd'hui des Etats africains ainsi que le rôle effectif et efficace qu'ils peuvent jouer dans la construction d'un nouvel ordre mondial qui se dessine sous leurs yeux.

Les Etats africains ont été beaucoup marginalisés sur tous les domaines, le dollar, a-t-il dit, est une domination monétaire sur les échanges internationaux. Cette hégémonie à laquelle s'ajoute celle de la politique que les Brics+ veulent détruire pour émerger des rapports entre les Etats souverains plus égalitaires, plus justes pour un monde multipolaire oû les décisions ne se prennent pas par un petit groupe restreint et fermé comme l'Union européenne et le G7 ou l'Otan.

« Sous l'impulsion des Brics, nous pouvons imaginer le visage de ce que sera ce nouvel ordre mondial. Si l'ordre mondial né à Yalta a été dominé par les pays de puissance occidentale, il est certain que le nouvel ordre mondial auquel va participer les Etats africains et d'autres pays du monde ne sera ni idéologique, ni hégémonique, ni européen, ni asiatique mais se veut un monde multipolaire égalitaire plus équilibré et plus inclusif », a souligné le Dr Ernest Tchiloemba Tchitembo.

Une telle évolution, pense-t-il, devrait interpeler les élites politiques et intellectuelles africaines dont les pays seraient les plus grands bénéficiaires de ce nouvel ordre mondial dans le domaine du partenariat entre Chine et Afrique, Russie et Afrique , Inde et Afrique et que tous les problèmes que nous dénonçons, les inégalités politiques ou géopolitiques, l'influence trop grande de puissances occidentales ou multinationales dans les économies africaines peuvent trouver de solutions heureuses dans le cadre et sous la protection des Brics.

Le Congo, tout comme de nombreux pays du continent africain, pourrait mettre à profit l'immense expérience dynamique et la connaissance du monde par les plus hautes autorités de ce pays y compris la coprésidence congolaise du Focac pour accélérer la mise en place des mécanismes de fonctionnement de ce nouvel ordre mondial. « Si historiquement, il est justifiable que les Etats africains étaient absents à Yalta en 1945, aujourd'hui en ce 21e siècle, il serait incompréhensible, injustifiable et impardonnable que les Etats africains soient en marge d'une dynamique qui va peser sur toute l'humanité et les relations internationales» , a indiqué le docteur, tout en remerciant l'ambassade fédérale de la Russie, particulièrement la direction de la Maison russe, Maria Fakhrutdinova, pour avoir transformé cette maison en un grand centre d'échanges culturels et intellectuels.

Une monnaie des Brics, un espoir pour contre-carrer le dollar

De son côté, le Pr Abira Galebay a exposé sur « Les défis des Brics + dans l'ordre mondial «, épinglés sous différents thèmes. Selon lui, les défis des Brics portent sur le changement de l'ordre colonial. Cet ordre colonial ne cesse de peser sur les Etats faibles. Les résultats sont encourageants dans l'élaboration et l'avancement de ce groupe créé en 2008, en Russie et qui devient Brics + en janvier 2024. Ce processus d'extension a créé et a donné un espoir aux futurs adhérents. La création d'une monnaie des Brics, pense le professeur, est un espoir pour contre-carrer le pouvoir du dollar, un pouvoir colonial issu de l'exploitation de nos forces, car l'Afrique a servi de terroir de production de source naturelle pour le développement et la maintenance pour la force du dollar dans le monde.

Les membres des Brics partagent un intérêt commun mais, en même temps, sont menacés par des tentatives de déstabilisation de la part de l'Occident. Les Brics affirment un potentiel géoéconomique et géopolitique avec une croissance qui dépasse aujourd'hui la croissance des Etats-Unis même de l'Union européenne réunie. Ils contestent totalement la gouvernance mondiale imposée par l'Occident et cherchent à modérer l'ordre mondial pour rendre plus inclusif et équilibré, c'est dire solliciter ou susciter l'adhésion et la participation de tous les Etats et reconnaître la souveraineté comme principe sacré d'existence d'un Etat. « Les Brics montrent aux Etats africains une porte de sortie, ils sont la sécurité collective, les Etats africains ont ce pouvoir de décider de faire changer les choses », a martelé le professeur.

Par ailleurs, les Brics interviennent également sur les questions de paix et de sécurité. Dans son intervention, le Pr Yvon Pierre Ndongo Ibara a parlé de « la co-construction d'un monde humain » articulé sous différents points. Les Brics+, selon le professeur, appellent à la paix et à la sécurité universelle, rien au monde ne peut prospérer sans la paix et la sécurité. Tout le monde est témoin des efforts des pairs des Brics pour la paix en Afrique. La libération des pays de l'Alliance des Etats du Sahel, de la Centrafrique en sont des exemples, grâce à l'appui de la Russie.

Les pays des Bircs+ sont heureux de partager le destin commun de l'humanité en matière de développement. « L'Afrique était considérée dans un passé récent par les Occidentaux comme leur anti chambre, leur couvée d'or, ils étaient vénérés comme les seigneurs, des vrais souverains mais, avec l'arrivée des Brics +, cette réalité est à classer dans les illusions du passé. Les Brics+ se servent des échecs des Occidentaux pour faire avancer leur groupe avec humanité, ils sont sortis de leur insularité par l'épreuve de soi par l'autre et de l'autre par soi.

Le groupe Brics+ est un instrument de coopération multilatérale qui fait partie de l'histoire immédiate du monde. Avec l'arrivée des Brics+, le Congo a maintenant une ouverture qui peut lui permettre de coopérer avec le Brésil, la Chine, l'Inde et d'autres pays. Les Brics sont un corps, chaque pays devient un membre de ce corps », a fait savoir le professeur. Pour l'heure, les pays membres des Brics+ sont la Russie, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Brésil, l'Iran, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et l'Éthiopie.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.