L'annonce de la suspension de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en Afrique a provoqué une onde de choc sur le continent. Longtemps considérée comme un levier essentiel du développement, l'Agence américaine finançait de nombreux projets dans les domaines de la santé, de l'éducation et des infrastructures.
Aujourd'hui, cette coupure brutale pose une question centrale, celle de savoir si l'Afrique peut se passer de cette manne financière ou alors si elle doit revoir en profondeur sa stratégie de financement du développement.
Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, le président américain, Donald Trump, avait amorcé un repli des États-Unis sur eux-mêmes en matière d'aide internationale.
Il faut dire qu'il avait commencé avec le retrait du financement américain de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), arguant que ces fonds devaient prioritairement servir les intérêts des citoyens américains.
De même, l'USAID finançait des projets un peu partout à travers le monde. Après l'Europe, en 2023 c'est l'Afrique subsaharienne qui était la région qui bénéficiait du plus fort soutien américain.
Une aide qui a préoccupé bon nombre de personnes, à l'instar d'Elon Musk, qui a qualifié l'USAID d'« organisation criminelle » sur son compte X. Un message fort qui a soulevé énormément de débats sur les fonds de l'organisation et le cheminement de ses aides.
Au-delà des postures idéologiques, la réalité est tout autre sur le terrain. L'Afrique francophone, particulièrement touchée, risque de voir disparaître des centaines de millions de dollars d'aide.
Une large partie de ces fonds était consacrée à l'aide humanitaire, notamment dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), où les violences des groupes armés ont entraîné le déplacement de milliers de personnes.
La RDC, l'un des bénéficiaires priorisés en Afrique, recevait chaque année près de 900 millions de dollars, c'est du moins ce que précise Deutsche Welle. Un fait qui laisse d'énormes questions sur la situation du Nord-Kivu. Que deviendra cette zone de crise sans cette aide mais surtout quel avenir présager sur l'impact des bénéficiaires de la RDC.
Au Sahel, la même source nous rappelle que le Mali, le Niger et le Burkina Faso bénéficiaient également d'un appui conséquent, évalué à plus de 700 millions de dollars.
Dans ces États en proie à des crises sécuritaires et humanitaires, cette suspension pourrait aggraver une situation déjà critique.
Une aide continue…
L'impact ne se limite pas qu'aux zones de conflits. À Madagascar, par exemple, un hub d'énergie solaire avait été mis en place grâce au soutien de l'USAID, permettant à 1 200 ménages d'avoir accès à l'électricité. La fin des financements américains remet en question la pérennité de ce type d'initiatives et soulève la question du rôle des autres partenaires du continent.
L'aide américaine, bien qu'insuffisante pour répondre à tous les défis du continent, avait l'avantage de ne pas être conditionnée à des exigences aussi strictes que celles de certains nouveaux partenaires.
La montée en puissance des institutions africaines comme la Banque africaine de développement (BAD) et la mise en place de fonds souverains pourraient également être une alternative crédible, à condition que les gouvernements africains s'engagent dans une gestion plus transparente et efficace des ressources.
Reste une interrogation majeure, cette suspension marque-t-elle la fin d'un modèle d'aide au développement ou simplement un réajustement des priorités.
L'Afrique, qui a longtemps dépendu des financements extérieurs, doit désormais penser à son avenir autrement. La rupture de l'USAID pourrait être une épreuve douloureuse, mais aussi l'opportunité d'un nouveau départ, où le développement reposerait sur des bases plus solides et une autonomie renforcée. Encore faut-il que les dirigeants africains prennent la mesure de cette urgence et agissent en conséquence.