Madagascar: Des élections enfin du Troisième Millénaire

Urnes de vote

En décembre 2001, c'était déjà le problème. Novembre 2019, c'était encore le problème. En 2023, je crains que ça ne devienne le problème. Dans un siècle, les élections poseront le même problème tant que les divers financements ne seront pas dédiés au tout-informatique, au tout-numérique, au tout-biométrique.

Au tout 3.0 du Troisième Millénaire. Écrit, redit, répété, ici et ailleurs, tant et tant de fois, à propos de l'organisation des élections: une liste électorale indigne du 21ème siècle, avec des oubliés et des doublons. De vrais électeurs devenus fantômes. De bel et bien morts, ressuscités.

Chaque fois, et à tour de rôle, mais uniquement quand ils se retrouvent dans l'opposition, les acteurs politiques hurlent au scandale tout en oubliant consciencieusement de remédier aux anomalies une fois au pouvoir: le tout numérique depuis la déclaration de naissance jusqu'à la clôture de l'état-civil pour décès, en passant par l'établissement de la carte d'identité. Recensement général de la population, état-civil, liste électorale : tout à informatiser.

La carte électorale et la carte d'identité nationale à biométriser. Le vote à électroniser avec connaissance immédiate des résultats globaux dès la fin du scrutin. C'est possible dans des pays aussi immenses que les États-Unis ou le Brésil, quelle malédiction ferait que ce soit inenvisageable à Madagascar ?

Il y a vingt-sept ans, quand le numérique et le biométrique relevaient encore de la science-fiction, le Ministère de l'Intérieur, au sein de sa célèbre "Coupole", avait déjà réussi à publier les résultats complets des élections municipales à Antananarivo-Renivohitra, la nuit même du scrutin. Près de trente ans plus tard, qu'on suppose d'avancée technologique plutôt que recul vers la préhistoire, c'est une aberration que les résultats du millier de bureaux de vote de la Capitale ne soient pas, immédiatement et intégralement, disponibles. Ce délai, incompréhensible, devient dangereux quand il laisse place aux rumeurs et ouvre la voie aux suspicions.

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Des résultats partiels abondamment relayés peuvent induire en erreur l'opinion publique. La passion, soigneusement exacerbée, autour desdits résultats partiels peut dégénérer. Parmi toutes les anomalies, il y a l'anomalie en chef : la CENI (commission électorale) elle-même qui, en plusieurs scrutins successifs depuis sa création en 2012, n'a jamais donné satisfaction. La CENI, c'est du copier-coller qui voit tous les pays francophones se doter de la même institution.

Comme on nous avait imposé le phénomène PAS (programme d'ajustement structurel), il y eut la série "conférence nationale", la série "commission de réconciliation", et maintenant la série CENI. Autant d'acronymes ou de fausses institutions budgétivores et sans efficacité avérée. Les professionnels du recensement ont toujours existé. L'Intérieur et les Statistiques dont c'est le métier. Des structures administratives normales sans le caractère exceptionnel, avec suspicion de dérogation au droit commun, que traîne une commission spéciale dont la création dramatise inutilement là où la normalité doit se conjuguer en mode banalité.

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