Congo-Brazzaville: Paie des fonctionnaires - Les raisons de la ruée vers les banques

Au Congo, entre le 25 et le 30 de chaque mois, les fonctionnaires des secteurs publics et privés ont l'habitude de percevoir leurs revenus mensuels. Pendant cette période, les guichets automatiques à billets, couramment appelés Gab, sont pris d'assaut par les salariés. Pourquoi ce phénomène est-il récurrent ? Est-il possible de le corriger ?

Il ressort d'une enquête que nous avons ménée que les fonctionnaires congolais se pressent devant les établissements financiers dans lesquels leurs salaires mensuels sont domiciliés parcequ'ils en dépendent essentiellement.

" je ne vis que de mon salaire. Je n'ai pas d'autres unités de production. Et ce fameux salaire est tellement insuffisant que lorsqu'on tend vers la fin du mois, ma bourse est presque vide. C'est ce qui justifie le fait que j'attende toujours avec impatience le paiement du prochain salaire. Dès que je suis au courant du virement, je suis parmi les premières personnes à se rendre en banque. Et je suis disposé à y rester le plus longtemps possible. Je n'ai pas le choix. C'est plus fort que moi, c'est plus qu'une addiction. Je préfèrerai ne pas mener une telle vie. J'aimerais tout donner pour sortir de ce cercle vicieux", a indiqué Blood Massala, une fonctionnaire et mère de cinq enfants.

Une autre raison justifiant cette ruée est le fait que plusieurs d'entre eux vivent au-delà de leurs revenus, en d'autres termes, leurs charges sont plus élevées que leur pouvoir d'achat. " Mon salaire n'équivaut qu'au double du SMIC congolais. Mais imaginez-vous que je loue une maison de près de 50 000 F CFA, sans compter l'eau et l'électricité. Outre cela, je dois assurer les frais scolaires et sanitaires des membres de ma famille. Je vis au de-là de mes moyens. La conséquence est que pour boucler les fins de mois, je dois tout le temps prendre des découverts. Je ne vis que de dettes. Alors comment ne voulez-vous pas que je sois le premier au Gab de ma banque après le virement des salaires ?", interroge Pierre Mounouata, fonctionnaire depuis peu.

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Par ailleurs, certains fonctionnaires échappent à la règle. Ils essaient de fructifier leurs revenus en mettant en place des unités de production. "De nos jours, compter uniquement sur le salaire relève de l'exploit. Sincèrement, je respecte ceux qui réussissent à se contenter uniquement de leur salaire de fonctionnaires. Conscient d'avoir trop de charges, j'ai pensé mettre en place une boutique d'alimentation. Les dividendes qu'elle génère me permettent non seulement de compléter mon revenu, mais aussi et surtout de payer mes factures", a dit Jean Marc Massiala.

D'autres fonctionnaires, quant à eux, pour échapper à ce cercle vicieux, ont préféré se lancer dans l'apprentissage des métiers. Certains apprennent des métiers comme la couture, la coiffure ou la restauration. L'une d'entre elles, Adélaïde Youmas a affirmé que l'ouverture de son atelier de coiffure lui permet de ne pas paniquer à la veille des salaires. "J'ai deux employeurs, l'Etat et moi-même. Je ne me plains pas. J'assume mes responsabilités pécuniaires grâce à mon atelier. C'est une bénédiction, de mon point de vue. Ne dit-on pas qu'il n'y a pas de sots métiers, mais qu'il n'y a que de sottes gens? J'ai donné raison à nos aïeux qui ont dit qu' il ne faudrait pas seulement compter sur le salaire, mais plutôt, penser aussi à mettre en place des unités de production ", a-t-elle dit.

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