Madagascar: Ville d'Eaux

C'est l'appellation connue de la ville d'Antsirabe, sans doute avec la station thermale à Ranomafana et ses légendaires lacs d'Andraikiba et de Tritriva, qui font de la capitale du Vakinankaratra un site touristique de renom. Les fêtes de Pâques constituent d'ailleurs une occasion d'évasion à Antsirabe pour les Tananariviens. Bon an mal an, la Ville d'Eaux fait l'objet d'une ruée de touristes locaux. On peut dire qu'Antsirabe a la chance d'être une ville propre et est pour le moment épargnée par les problèmes d'évacuation des eaux de pluie. Seul l'état cahoteux de la RN 7 peut freiner les visiteurs.

Le trajet Tana-Antsirabe, long de 268 km, se fait au minimum en six heures d'horloge. Ce sobriquet d'Antsirabe est désormais usurpé par les autres villes comme Antananarivo, Toamasina, Toliara, Antalaha, Sambava, Mahajanga... pour la simple raison qu'à chaque pluie plus ou moins forte, ces villes deviennent un véritable océan. La ville de Toamasina se débat actuellement contre une inondation causée par les précipitations du cyclone Gamane depuis quelques jours. Comme dans la capitale, ces villes subissent les conséquences de l'inexistence d'un plan d'urbanisation, de l'anarchie totale dans le domaine de l'habitat, du laxisme des autorités communales dans le contrôle des constructions.

Dans la capitale, on parlait depuis un demi-siècle du projet «Grand Tana», relatif à une extension progressive de la ville et à un développement ordonné des infrastructures et des commodités. Mais de report en hésitation, le projet est resté éternellement à l'état de bonnes intentions. Ce n'est que maintenant que le sujet est relancé par la Banque mondiale. Il faut dire qu'avec plusieurs décennies de retard, le pari s'annonce compliqué. Se débarrasser de toutes les constructions illicites, cause principale des problèmes d'évacuation, nécessite un grand courage politique et des mesures d'accompagnement dispendieuses. C'est exactement la même situation à Toamasina, Toliara, Antalaha...

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Les égouts servent de fondation aux constructions sauvages alors que les canaux d'évacuation des eaux de pluie ont été bouchés pour empêcher l'eau de se déverser vers les maisons bâties là où il ne fallait pas. Les efforts de curage des canaux d'évacuation, d'ailleurs sporadiques et anachroniques, ne sont d'aucun recours, d'autant qu'ils sont tout de suite bouchés sitôt dégagés de leurs déchets en plastique. La pauvreté et le manque d'instruction de la majorité de la population anéantissent tout effort d'assainissement et rendent inefficace toute velléité de sensibilisation. Mais il faut sans doute faire un premier pas. Toute attente coûte désormais plus cher et complique davantage les problèmes avec une démographie galopante et une éducation faisant un mano a mano avec la médiocrité.

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