Le président de la République a effectué une descente à l'aéroport d'Ivato hier, en réponse aux multiples doléances concernant les cas d'abus et de corruption sur place. Une des mesures annoncées est la tolérance zéro pour les agents corrompus.
Tolérance zéro
Andry Rajoelina, président de la République, a été ferme et sans ambages. Comme il l'a annoncé sur sa page Facebook, il a effectué une descente à l'aéroport d'Ivato, hier. Le déplacement présidentiel a surtout été pour annoncer de vive voix et en face des acteurs concernés les mesures que l'État va prendre pour mettre fin aux sources de tourments des passagers.
Selon le locataire d'Iavoloha, le premier objectif est "d'annihiler complètement la corruption sous toutes ses formes". Andry Rajoelina ajoute, "il n'y aura pas de sentiment. La tolérance zéro sera appliquée". Il s'adresse ainsi à l'ensemble du personnel qui officie à l'aéroport, tout corps confondu, dont les douaniers, les policiers aux frontières (PAF), les gendarmes, le personnel préposé aux contrôles au scanner et la logistique des bagages.
Pour la première fois, "la radiation du corps de la fonction publique" est affirmée de vive voix parmi les sanctions disciplinaires encourues par les agents. C'est le chef de l'État en personne qui l'a annoncée. Ceci, indépendamment des poursuites judiciaires. "L'aéroport sera l'image de la lutte contre la corruption que nous menons dans le pays", assène Andry Rajoelina, en insistant sur l'intransigeance dans l'application des sanctions.
Mettre fin au sentiment d'impunité qui renforce la méfiance vis-à-vis des autorités aéroportuaires est le challenge. Il s'agit aussi d'avoir un effet dissuasif sur les agents présumés corrompus. Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l'Économie et des finances, qui était de la descente à Ivato, hier, a justement pointé du doigt un point qui constitue un frein à la lutte contre la corruption. "Il faut en finir avec le corporatisme", affirme-t-elle.
Signer les autorisations de poursuites judiciaires des responsables et agents qui jouissent de privilèges statutaires, ou encore, appliquer sans concession les sanctions disciplinaires seraient des exemples de traduction des discours en acte. Des mesures de prévention des abus de la corruption ont aussi été annoncées. Comme l'application effective du système de rotation. "Les rotations du personnel doivent se faire tous les trois ans tout au plus. Je recommande même que cela se fasse chaque année, sauf pour les méritants", déclare Andry Rajoelina.
Un bureau de doléances sera aussi mis en place dans le hall de départ et un autre dans le hall d'arrivée de l'aéroport. Un agent du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) y officiera. Il sera remplacé chaque semaine. "Une réponse doit être donnée à chaque doléance, qu'elle soit avérée ou non", souligne le chef de l'État. C'est une manière de rassurer la personne concernée qu'une suite a été donnée à son initiative.
Enjeux
Les dénonciateurs sont aussi encouragés à témoigner, le moment venu. "L'État vous protégera contre les représailles", assure le Président. Des caméras de surveillance seront, par ailleurs, braquées sur les box de contrôle des documents de voyage et d'attribution des visas à l'arrivée et installées dans les bureaux de vérification des bagages et de paiement des droits de douane. Ces bureaux seront aussi réaménagés pour être vitrés et visibles à tous.
"Aucune taxation ne doit se faire dans des endroits fermés", indique Ernest Lainkana Zafivanona, directeur général des douanes. Selon le contrôleur général de police Danny Marius Rakotozanany, directeur général de la police nationale, par ailleurs, aucun agent de la PAF en poste ne doit se trouver en dehors des box. De même, aucun agent ne doit être présent à l'aéroport durant leur jour de congé, afin d'éviter les interventions en tout genre.
Les cinq mille badges d'accès du personnel seront audités. De même pour les mille cent badges temporaires destinés aux agents de l'État qui accueillent des personnalités. Les filtres seront plus stricts. Même l'attitude du personnel de l'aéroport vis-à-vis des passagers a fait l'objet d'une remontrance présidentielle. "Notre aéroport inspire crainte et appréhension. Nous devons pourtant être accueillant, rassurant envers les voyageurs plutôt que les intimider", affirme le président Rajoelina.
Le but des initiatives affirmées hier est d'améliorer l'accueil à l'aéroport d'Ivato et par ricochet, l'image du pays. "Cet aéroport est la porte d'entrée de notre pays. La première impression que les voyageurs ressentent ici, conditionne l'image qu'ils auront de l'ensemble de la population et du pays. Nous n'acceptons pas que les mauvais agissements de quelques-uns ternissent la réputation de la nation", soutient le locataire d'Iavoloha, soulignant les enjeux économiques, notamment pour le tourisme.
Une amélioration de la méthodologie de travail sera également mise en oeuvre afin d'éviter les longues files d'attente des voyageurs. Il y aura aussi des réformes d'actes réglementaires pour clarifier les droits et obligations des passagers. Ils feront l'objet d'affichages et seront aussi accessibles en ligne. Comme ceux des personnes qui vont aller travailler à l'étranger, ou encore, les règles pour le transport de produits artisanaux.
Les décisions sur les mesures à prendre pour mettre de l'ordre à l'aéroport d'Ivato seront actées durant un conseil des ministres spécial, ce jour. Un comité de directeurs sera ensuite chargé de les mettre en oeuvre, d'en faire le suivi quotidien et de dresser des rapports mensuels. Le but est que d'ici la fin de l'année, l'aéroport d'Ivato devienne un modèle dans la qualité de l'accueil des passagers.