Afrique de l'Ouest: De quoi le Parlement de la CEDEAO est-il le nom ?

26 Juillet 2024
analyse

La question mérite d’être posée au regard des dernières activités du Parlement communautaire, qui a vu des députés qui ont failli en venir aux mains, présenter un spectacle, qui à tous points de vue ne relève le prestige et le rang d’une institution dont la réputation est doublement entamée.

Non seulement ce fait inédit dans les annales du parlement pose la question du choix des députés devant siéger audit parlement, qui certainement par ses modalités, est à l’origine de sa composition par des élus, qui selon les textes du parlement sont  désignés parmi les élus des parlement nationaux.

Or tout le monde le sait les parlements nationaux dans leur écrasante majorité sont tenus par des majorités mécaniques des partis au pouvoir, qui désigne à leur guise les députés dévoués au chef de l’exécutif. D’où sa configuration aux allures de chambre d’enregistrement. L’irruption du député Guy Marius Sagna n’est-elle pas la « fausse note » qui perturbe la quiétude des  Ecowascrates.

Il n’empêche aussi que le Parlement dans ce contexte précis, subit les effets desdégâts collatéraux de la crise qui sévit au sein de la CEDEAO avec le départ des pays de l’AES.

L’un dans l’autre, on est en présence d’un parlement tellement clivant qu’on a l’impression d’une reproduction à l’identique des délibérations du sommet des chefs d’états et de gouvernement de la CEDEAO, qui malheureusement s’est illustré avec la commission elle-même, ces dernières années, par des décisions belliqueuses et inopportunes qui ont jeté la communauté dans un profond embarras.

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Le résultat on l’a tous constaté. Les voix des peuples pour parler ainsi, et une certaine frange de la communauté internationale ont condamné la perspective militariste et guerrière que la CEDEAO a voulu imprimer aux sanctions contre les trois régimes militaires, qui ont renversé les gouvernements en place au Mali, au Niger, au Burkina Faso et même en Guinée, il ne faut pas l’oublier.

Aujourd’hui encore, comme par un mimétisme aveugle, le bureau du parlement de la CEDEAO, suite à une intervention d’un député communautaire d’origine sénégalaise, pointant du doigt les carences des chefs d’état de la Communauté en matière de développement, mais aussi la gouvernance du parlement lui-même est, contre toute attente menacé d’une pétition dudit bureau, en vue de proposer une sanction (exclusion selon certains), sous le prétexte d’avoir manqué de respect aux Chefs d’état.

L’altercation entre le député Guy Marius Sagna et la 2ème Vice- présidente du Parlement, loin d’être un fait banal, comme on  veut le présenter, par analogie à ce qui se passe dans les différents parlements, est le marqueur le plus visible de la mutation qui s’opère sous nos yeux et qui n’est ni plus ni moins que la fin d’une époque d’inertie.

C’est tout comme si le Parlement de la CEDEAO (dont le site web est obsolète) ignore tout de sa mission. Pis il semble ne pas avoir retenu la leçon sur les faits qui ont précipité le départ des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.

C’est comme qui dirait que la CEDEAO est grand corps malade qui contamine tous ses membres. Elle a besoin de réformes profondes, notamment sur le mode d’élection de ses membres, qui à l’instar de leurs homologues européens doivent être élus dans leur pays respectifs au suffrage universel. C’est le gage de la pérennité d’une telle institution, qui quoiqu’on dise est loin des préoccupations des populations de la sous-région.

Le vent de renouveau démocratique réclamé par les peuples doit avoir un écho au niveau des instances communautaires d’intégration. C’est le préalable à la réalisation de la Vision 2050 de la CEDEAO pour passer de la Cedeao des Etats à la Cedeao des peuples.

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