Centrafrique: Un rapport de la société civile épingle la gestion du secteur pétrolier

carburant ( Photo d'illustration)

Réalisé par le Groupe de travail de la société civile (GTSC) sur la crise centrafricaine, le document se penche sur la gestion des carburants en RCA, pays où les pénuries d'essence sont récurrentes et les prix à la pompe les plus élevés du continent. Une situation que le rapport explique par un certain nombre de facteurs structurels mais aussi par le monopole confié à l'entreprise camerounaise Neptune et des pratiques qualifiées de « mafieuses » au sein de l'administration.

Intitulé « La mafia dans le secteur pétrolier en Républicaine centrafricaine » (RCA), le rapport au vitriol du Groupe de travail de la société civile (GTSC) sur la crise centrafricaine - le premier du genre à l'exception des études conduites par le FMI - est parti d'un constat simple : ni la hausse brutale des prix à la pompe, ni la réorganisation du secteur pétrolier n'ont permis d'endiguer les pénuries de carburant qui frappent la Centrafrique à intervalle régulier.

Alors que la dernière en date remonte au mois de juin dernier avec trois semaines de forte tension à Bangui et que le prix du litre de Super atteint désormais 1 100 francs CFA (1,67 euro) dans le pays - ce qui fait de la RCA le pays d'Afrique où l'essence est la plus chère -, les auteurs du rapport ont enquêté pendant six mois pour comprendre les causes de ce double phénomène.

Le monopole de Neptune en question

Leur premier constat concerne le monopole d'importation confié à l'entreprise camerounaise Neptune en septembre 2023. Selon eux, il est non seulement illégal, l'entreprise n'ayant ni filiale locale ni agrément, mais il coûterait aussi cher à l'État : environ un milliard de francs CFA chaque mois en pertes de fiscalité. Face à cette situation, le GTSC demande donc la publication de la convention passée avec Neptune, ainsi que sa mise en conformité avec la loi de 2007.

Le document s'interroge également sur les liens de cette entreprise avec le ministre des Hydrocarbures, Arthur Bertrand Piri, puisqu'elle pourrait bénéficier d'une privatisation de la SOCASP, la compagnie chargée du stockage des produits pétroliers, là aussi en violation du cadre légal. Le document accuse enfin directement Neptune « d'arnaque » et « d'escroquerie » en cachant le prix réel du carburant aux autorités et en mentant sur les taxes et les frais acquittés dans le processus d'importation.

Si les prix à la pompe ne sont pas accessibles pour tous les citoyens centrafricains, c'est parce que Neptune ment sur ses coûts de revient

Exemple à l'appui, le GTSC s'en prend ensuite au Comité de contrôle et de lutte contre les importations frauduleuses de produits pétroliers, le comité en charge de la lutter contre la contrebande, qui pratique ce qu'il qualifie de « régularisation a posteriori » en laissant entrer les produits frauduleux avant de les blanchir via une main levée en échange d'une amende.

Le ministre des Hydrocarbures Arthur Bertrand Piri est quant à lui accusé de ne pas suivre les recommandations du FMI et de s'acharner sur Tamoil RCA. En cause : la demande d'agrément du repreneur de Total bloquée depuis plus d'un an, la réquisition de six de ses stations-service ainsi que de son dépôt à l'aéroport et la saisie de certaines livraisons.

Contacté par RFI, Arthur Bertrand Piri n'a jusqu'à présent pas répondu à nos sollicitations.

«La mafia dans le secteur pétrolier en République centrafricaine», rapport du Groupe de travail de la société civile

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.